Malgré la levée de l'avis de non-consommation d'eau, plusieurs citoyens n'ont pas confiance et continuent samedi à s'approvisionner dans les 20 centres de distribution à Longueuil.

Il faut dire que l'eau sent toujours le diesel, selon plusieurs citoyens interrogés samedi matin. Mercredi et jeudi, des citoyens s'étaient plaints pendant plusieurs heures d'une odeur étrange dans l'eau avant que la Ville de Longueuil émette un avis de non-consommation, conséquence d'une fuite de diesel à la station de pompage survenue mercredi matin.

Ainsi, lorsque la mairesse de Longueuil Caroline St-Hilaire a levé cette interdiction vendredi à 19 heures, plusieurs citoyens ont préféré rester prudents.

«On n'a pas voulu courir de risque, tant que ça sent, on ne va pas boire cette eau-là», a déclaré Gilbert Lavoie venu s'approvisionner au Colisée Jean-Béliveau.

D'ailleurs les 20 centres de distribution sont toujours ouverts. «La distribution sera maintenue tant et aussi longtemps qu'il y a odeur et goût de diesel dans l'eau potable», a expliqué Bernard Bigras, directeur des communications à la Ville. Mais on est plus dans les questions de perceptions que de données scientifiques.»

Maurice Halas, un citoyen également rencontré au Colisée Jean-Béliveau, se méfie de la qualité de son eau précisément parce que ces centres demeurent ouverts. « Pour la première fois ce matin, mon eau sentait mauvais, et je me dis que si l'eau était vraiment bonne, les centres seraient maintenant fermés», a-t-il expliqué.

Toute la matinée, les voitures défilaient devant le Colisée. Le rythme était relativement rapide, la trentaine de travailleurs déposant directement les bouteilles de 4 litres dans la voiture des citoyens.

Le nombre de citoyens venant s'approvisionner a néanmoins diminué depuis vendredi. La mairesse a indiqué que l'on comptait 1300 voitures au 30 minutes contre 50 voitures à la demi-heure samedi.

Si l'avis avait été maintenu jusqu'à lundi, la Ville avait estimé qu'elle aurait besoin de 4 millions de litres d'eau. Entre jeudi et samedi, 700 000 litres avaient été distribués. La Ville avait d'ailleurs commencé à chercher de nouveaux fournisseurs, notamment à Toronto, aux États-Unis et au Nouevau-Brunswick, a indiqué M. Bigras

La ville reconnaît les «ratés»

Questionnée à savoir si les problèmes de communication des autorités ont pu miner la confiance du public, la mairesse reconnaît qu'il y a eu des «ratés» et que des protocoles seront « assurément révisés », mais elle se garde d'en dire plus, se contentant d'affirmer que le bilan sera fait, une fois la situation revenue à la normale.

«Qu'il y ait encore des questions, je le conçois. Personne ne va penser qu'une eau qui sent le diesel est bonne. Mais quand la Santé publique nous confirme qu'il n'y a pas de problème pour la santé, ce sont des experts et on peut leur faire confiance», a-t-elle insisté lors d'un point de presse samedi midi.

«Si y a des processus autant en terme de communication, d'organisation, de mesure d'urgence, de planification ...fiez-vous sur moi s'il y a des choses à améliorer, on va le faire», a-t-elle ajouté.

«Une des bonnes leçons qu'on doit tous retenir est qu'on devrait tous avoir quelques litres d'eau dans nos maisons minimalement», s'est-elle contenté de dire.

Elle n'a pas voulu s'avancer sur les coûts de la crise pour la Ville. « Il n'y a pas d'estimations pour l'instant», a-t-elle reconnu. Elle n'a pas voulu dire non plus si les commerçants recevraient une aide financière pour éponger leurs pertes financières.

La mairesse a d'ailleurs abandonné le terme « crise » et parle maintenant de « situation exceptionnelle ». « Il n'y a personne de mort, personne n'a été malade [...] et on a déployé tous les efforts pour s'assurer que les citoyens ne manquent pas d'eau.»