Les maires d'au moins six municipalités du Québec se joignent aux syndicats dans leur lutte contre le projet de loi sur les régimes de retraite.

À Trois-Rivières, Gatineau, Laval, Longueuil et Terrebonne, les maires dénoncent un projet de loi qui préconise l'approche du «mur à mur» plutôt que de tenir compte des réalités propres à chacune des villes.

«Le projet de loi est calqué sur les exemples de Montréal et de Québec. Mais il y a les autres municipalités. En anglais, on dit "one size doesn't fit all" », a réagi jeudi le maire de Trois-Rivières, Yves Lévesque.

Comme lui, des maires craignent que l'Union des municipalités du Québec (UMQ) oublie les plus petites villes au profit de Québec et de Montréal. «Les maires trouvent que c'est un gros show Labeaume-Coderre et qu'ils sont en train de foutre la merde», a indiqué une source près du dossier.

«Montréal doit régler ses problèmes, Québec aussi, mais on n'a pas à payer pour ça», a ajouté le maire de Terrebonne, Jean-Marc Robitaille, en soulignant que dans sa ville, le déficit des régimes de retraite atteint 2 millions «seulement». En comparaison, Québec accuse un déficit de 620 millions et Montréal, de 1,6 milliard.

Effets pervers

Le maire Robitaille est d'autant plus inquiet qu'il estime que la question des régimes de retraite «est en train de se régler» à Terrebonne. Il craint donc «l'effet pervers» du projet de loi, qui prévoit entre autres le partage à parts égales des coûts et des déficits éventuels entre les employés et l'appareil municipal.

«Toutes les balises et la rigidité du projet de loi pourraient faire en sorte que si on arrive à régler, l'arbitre pourrait rejeter notre entente parce qu'elle ne respecte pas leurs balises», a-t-il souligné.

Les uns après les autres, les maires se sont dits en faveur de la finalité du projet de loi, qui vise idéalement à réduire les déficits des régimes de retraite sans alourdir le fardeau des contribuables. Mais ils en ont dénoncé les moyens.

«On est d'accord avec le projet de loi 3, mais laissez les municipalités négocier avec les syndicats. Et si on ne s'entend pas, on appliquera la loi 3», a suggéré le maire de Trois-Rivières, Yves Lévesque. À Terrebonne, le maire se pose aussi en faveur de la négociation. «Le projet de loi risque de détériorer nos relations avec nos syndicats et de causer des problèmes économiques», a dit le maire Robitaille.

La Ville de Longueuil souhaite elle aussi que le projet de loi soit plus nuancé. Gatineau et Lévis auraient également des réserves, selon nos informations.

L'UMQ critiquée

À l'approche de la commission parlementaire sur le projet de loi 3, à la fin août, les critiques envers le mémoire préparé par l'Union des municipalités du Québec (UMQ) s'accumulent. À Laval, on laisse entendre qu'il n'y a plus vraiment d'unité dans le monde municipal dans le dossier des régimes de retraite. Le maire Marc Demers présentera d'ailleurs son propre mémoire en commission parlementaire. «Notre philosophie est différente, car on croit aux vertus de la négociation», a indiqué le directeur des communications au cabinet du maire, François Brochu.

L'Union des municipalités se défend de manquer d'ouverture. «Le mémoire n'est pas terminé d'écrire, a dit son directeur des communications, François Sormany. Nous allons étudier le projet de loi, notre mémoire est en évolution constante.»

À en croire les maires, le mouvement de dissension risque de prendre de l'ampleur. «Les maires n'osent pas parler de peur de se faire dire d'être du côté du syndicat, des mieux nantis, a déclaré Jean-Marc Robitaille. C'est beaucoup plus répandu qu'on peut se l'imaginer.»

- Avec Kathleen Lévesque

Perturbations à prévoir aux Jeux du Québec

La cérémonie d'ouverture des Jeux du Québec à Longueuil, demain, sera perturbée par la Coalition syndicale pour la libre négociation. Selon ce qu'il a été possible d'apprendre, les syndiqués vont manifester à 18h au Colisée Jean-Béliveau, de façon «créative», leur opposition au projet de loi sur les régimes de retraite. Le président de la coalition, Marc Ranger, assure que tout se déroulera dans le calme et de façon pacifique. La police de Longueuil s'attend que de 500 à 1000 syndiqués se déplacent sur le site.