Pour la neuvième fois depuis le début du mois d'octobre, les enquêteurs de l'Unité permanence anticorruption (UPAC) et de l'escouade Marteau ont frappé à Laval, a appris La Presse. Le bureau du nouveau maire Alexandre Duplessis était particulièrement dans leur ligne de mire.

Selon nos informations, les policiers se sont présentés en civil à l'hôtel de ville tôt jeudi matin, mandat de perquisition en main, dans des voitures banalisées. Selon un témoin, ils auraient emporté presque tout le contenu du bureau du nouveau maire, y compris son ordinateur et même le contenu de sa corbeille à papier, et ce, dans la plus grande discrétion.

Cette opération a été menée dans le cadre de la vaste enquête sur des allégations de corruption, de favoritisme et de collusion dans l'attribution de contrats par la municipalité dirigée jusque tout récemment par Gilles Vaillancourt. Elle survient néanmoins au lendemain des révélations sur les dépassements de coûts de la Place Bell.

Une série de frappes

La valse des perquisitions a débuté le 4 octobre. Ce jour-là, les policiers ont visité la résidence de l'ex-maire, dans le croissant des Îles, ainsi que différents bureaux et services de l'hôtel de ville, dont la salle des serveurs informatiques et le service du génie.

Le lendemain, les policiers ont récidivé en frappant en soirée un appartement-terrasse occupé par le maire et un local de rangement, dans un immeuble de luxe rue des Cageux. C'est à cette occasion que la cousine de Gilles Vaillancourt, propriétaire officielle du condo en question, aurait tenté de faire disparaître dans les toilettes des milliers de dollars qui lui avaient été remis peu avant par la femme de l'ex-maire.

La série s'est poursuivie avec des perquisitions visant tour à tour des entreprises de construction et de génie-conseil qui obtiennent la grande part des contrats d'infrastructure locaux, puis des établissements bancaires où le maire et des proches détenaient des coffrets de sûreté. Une somme de près de 100 000$ en espèces a d'ailleurs été saisie à cette occasion.

L'ancien parti ciblé

Enfin, le 20 novembre dernier, les enquêteurs ont mené une perquisition dans les bureaux de l'ancien parti PRO des Lavallois et le domicile de son agent officiel, Me Jean Bertrand. Les policiers ont agi en réaction au sabordage du parti la veille, car ils craignaient que des éléments de preuve nécessaires à l'enquête puissent disparaître. Lors de leur irruption dans ces bureaux, des dizaines de boîtes de documents étaient empilées.

Alexandre Duplessis a été nommé maire intérimaire le 23 novembre dernier par 15 voix contre 3. Il a succédé à Gilles Vaillancourt, maire inamovible depuis 1989.

Ni l'UPAC, ni la Ville de Laval, ni le cabinet du maire n'ont émis de commentaires.