L'annonce d'un nouveau service animalier à Laval faite lundi, près d'un an après la controverse du Berger Blanc, aurait dû réjouir les amis des animaux. Elle a plutôt suscité la grogne d'un groupe de citoyens, militants de la première heure pour ce service, qui estime s'être fait doubler par l'administration du maire Gilles Vaillancourt.

«C'était un piège à con à la Vaillancourt, de la mauvaise foi dès le départ, dénonce Robert Bordeleau, figure bien connue de l'opposition lavalloise. Il a demandé à des citoyens de s'impliquer, mais il n'en voulait pas.»

Le service de gestion animalière devrait voir le jour en 2013, dans un immeuble qui sera construit par Laval en bordure de l'autoroute 25. Il offrira l'éventail habituel de services d'adoption, de sensibilisation, de soins vétérinaires et, en dernier recours, d'euthanasie. Il sera géré par un tout nouvel organisme à but non lucratif, Le Campus, créé pour l'occasion et dont la présidence a été offerte à l'ex-ministre libérale Liza Frulla.

Le hic, c'est qu'un tout autre organisme devait à l'origine hériter du contrat. Le printemps dernier, un groupe de citoyens, secoué par les reportages de Radio-Canada sur les traitements cruels infligés aux animaux abandonnés dans les refuges du Berger Blanc, avait pris contact avec l'administration du maire Gilles Vaillancourt. En juin, celui-ci avait accepté de rencontrer ces citoyens et leur avait offert l'aide de la Ville pour qu'ils forment un organisme à but non lucratif auquel serait confiée la gestion animalière.

«Ils ont été accompagnés par la Ville dans tout ce processus, il y avait une grande ouverture, explique Nadine Lussier, porte-parole de la Ville. On leur a prêté des salles pour leurs rencontres, on les a aidés à s'enregistrer en payant pour les frais de création de l'OBNL.»

En «froid» avec la Ville

Le Centre d'aide et de protection animalier de Laval (CAPAL) a été créé et a déposé son plan d'affaires à la Ville à la fin de l'été. Entre-temps, Robert Bordeleau, chef du Parti au service du citoyen et candidat battu à la mairie, a été nommé au conseil d'administration (C.A.) du nouvel organisme. L'administration Vaillancourt n'a pas apprécié cette décision. Au début du mois de septembre, une sortie dans les médias, critique envers le maire, a achevé de torpiller les relations entre les deux parties. La chef du parti de l'opposition Mouvement lavallois, Lydia Aboulian, y a participé.

«Cette dénonciation sur la place publique est venue jeter un froid, reconnaît Nadine Lussier. Il y a eu un questionnement pour nous: est-ce que ces gens ont encore envie de travailler avec la Ville? L'aventure est complexe, on a besoin de partager une vision commune, d'avoir des bases solides, une discussion ouverte.»

Laval a reconduit en septembre son contrat avec le Berger Blanc, pour 546 180$. Il s'agit d'une entente d'un an avec une année supplémentaire en option. La Ville a ensuite confié à une organisation spécialisée, le Centre d'adoption d'animaux de compagnie du Québec, le mandat de l'aider à mettre en place son propre service animalier. L'annonce en a été faite au début de la semaine, avec la création d'un OSBL présidé par Liza Frulla, présentée comme «connue de tous pour son implication active et son amour des animaux».

La présidente du CAPAL, Marie-Josée Tessier, s'est dite déçue de la tournure des événements. «Ç'a été fait en catimini, de façon cavalière. On croyait être dans la course jusqu'à la fin. Mais si le Berger Blanc ne revient pas, c'est une victoire pour les animaux.» Plus virulent, Robert Bordeleau qualifie la situation d'«écoeurante». «Qu'on niaise des citoyens comme ça, eux qui ont travaillé tout l'été à monter un plan d'affaires qui se tient, c'est inacceptable.» Il précise qu'il a démissionné le 18 septembre du C.A. «pour ne pas nuire au CAPAL».

Le service devra s'occuper des 7710 animaux abandonnés, selon les statistiques de 2010, dont 5500 sont en fin de compte euthanasiés. D'ici à la mise sur pied du service, la Ville lancera des campagnes de sensibilisation pour responsabiliser les propriétaires d'animaux et encourager le micropuçage, un marquage qui permet d'identifier les animaux.