La municipalité de Saint-Constant a reçu cette semaine une petite tape sur les doigts de la part de Québec, qui se dit «perplexe» quant au procédé auquel le maire et la Ville ont recouru pour déménager la bibliothèque dans un centre commercial.

Il s'agit de l'énième chapitre de cette histoire. En juin 2010, des citoyens avaient signé un registre pour s'opposer au projet du maire Gilles Pépin, qui consistait à signer un bail de 25 ans pour reloger la bibliothèque dans un immeuble privé. Devant cette fronde, et afin de ne pas devoir organiser un référendum, le maire a décidé de réduire à cinq ans la durée du bail, soustrayant du coup le projet à l'autorité de Québec. La municipalité paiera un loyer de 663 000 $ par année pour les futurs locaux de sa bibliothèque, en plus des sommes qui seront investies pour les aménager.

«La séquence des événements, l'ampleur de l'investissement de la Ville et l'effet de levier visé par ce projet nous rendent perplexes quant à la durée du bail conclu avec [le promoteur]. Si l'intention réelle de la Ville est une location de plus de 5 ans, il faudrait soumettre au Ministère un projet [...] pour autorisation», écrit le ministère des Affaires municipales à la Ville Saint-Constant dans une lettre que nous avons obtenue.

Le Ministère demande aussi plus de transparence et note «qu'il serait souhaitable» que la Ville fournisse aux citoyens «une étude démontrant les impacts financiers» du projet. Québec s'est intéressé au dossier à la suite de plusieurs plaintes, dont l'une du député de La Prairie, le péquiste François Rebello.

Gilles Pépin, lui, estime que la lettre du Ministère «est une excellente nouvelle»: il en retient que Québec ne met pas un frein au projet. Quant à l'étude sur les impacts financiers qu'évoque le Ministère, il ne s'agit pas d'une demande, à son avis: «Ils ne la demandent pas. Dans la lettre, ils disent: «Il serait souhaitable». «Il serait souhaitable» et «on exige», c'est deux choses. Pour nous, le projet est commencé. Tout est en ordre, tout est légal. »

Le Ministère se dit perplexe ? «Il a le droit d'être perplexe», se borne à dire le maire.

Les opposants au projet estiment que Québec aurait dû y mettre fin, tout simplement. «Je suis déçu par la lettre du Ministère. Il aurait dû demander à la Ville de renoncer à son projet, qui dilapide l'argent des contribuables, dit un ancien maire de Saint-Constant, Jacques Perreault. Je ne suis pas contre la Ville, je ne suis pas contre les élus, mais ce projet n'a pas de sens. Ça va coûter plus cher en loyer que de construire une bibliothèque. C'est de la folie pure.»

La nouvelle bibliothèque de Saint-Constant doit ouvrir ses portes l'été prochain.