Un an après avoir demandé en vain la diffusion des séances du conseil municipal sur l'internet, l'opposition à Laval y est allée d'un petit coup d'éclat hier soir.

Équipé d'une caméra numérique amateur et d'un trépied, sous l'oeil amusé du maire Gilles Vaillancourt et de deux policiers, un militant du Mouvement lavallois a filmé les travaux, qui seront retransmis sur le site du parti d'ici 24 heures.

La même scène devrait se reproduire chaque mois, a indiqué le président du parti, David De Cotis. «On croit à la démocratie. Il y a des gens qui ne savent pas ce qui se passe ici.»

Jusqu'au dernier moment, le parti de l'opposition, créé en 2008 et qui ne compte aucun élu, craignait une intervention policière qui l'aurait empêché de filmer la séance. Il n'y a eu aucun esclandre. La seule réaction notable a été celle du maire Vaillancourt, qui a ironisé sur la virulence de la question d'un autre candidat battu à la mairie, Robert Bordeleau, du PSC. Celui-ci a essentiellement énuméré une liste de donateurs du parti du maire, l'associant à des contrats accordés par la municipalité. Il a exigé la démission du maire Vaillancourt, en poste depuis 1989.

«S'il n'y avait pas eu les caméras de l'autre parti, pas sûr qu'il aurait pensé à sa question», a répondu le maire. En milieu de soirée, il a également tenu à faire cette précision concernant la diffusion des débats sur l'internet: «Après vérification, il n'y a eu aucune demande, aucune plainte d'un citoyen autre que celles du Mouvement lavallois.»

Parcs et démocratie

La présence de la caméra de l'opposition n'a guère changé le déroulement de l'assemblée. Après une quarantaine de minutes expéditives, au cours desquelles les élus ont entériné plus de 60 résolutions, la période de questions a donné lieu à l'affrontement habituel. Aux questions de simples citoyens venus demander, par exemple, l'agrandissement d'un parc se sont greffées celles plus politisées dénonçant l'administration du maire. Les policiers ont d'ailleurs failli expulser Robert Bordeleau, sur l'ordre de la présidente, avant que le maire Vaillancourt intervienne pour éviter de «faire une pseudovictime de ce monsieur», a-t-il expliqué.

Le Mouvement lavallois demande depuis mars 2010 la diffusion sur l'internet des séances du conseil municipal. Les premières réactions au bureau du maire étaient plutôt favorables, la porte-parole ayant alors indiqué que la question était «à l'étude».

Interpellé régulièrement à ce sujet par les opposants, le maire Vaillancourt a fini par annoncer le mois dernier que le projet était tombé à l'eau.

Créé à l'automne 2008, le Mouvement lavallois se présente comme le principal parti de l'opposition à Laval. Il n'a toutefois fait élire aucun conseiller lors des dernières élections municipales, le 1er novembre 2009. Sa chef Lidya Aboulian a baissé pavillon devant Gilles Vaillancourt, ne récoltant que 22% des voix contre 61% pour le maire sortant. Sur les 21 postes de conseiller, tous remportés par le parti du maire Vaillancourt, un seul siège a été âprement disputé. Dans le district 9, le président du Mouvement lavallois, David De Cotis, a été battu par une mince majorité de 328 voix.