Galeries et escaliers arrachés, garages emportés par les vagues: 24 heures après la tempête qui a touché plusieurs villes du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie, les riverains du petit village de Sainte-Flavie font l'état des lieux et tentent de protéger ce qui peut encore l'être.

Au début de l'après-midi mardi, René Létourneau, circonspect, attendait la marée haute. Mais, en l'absence de vents forts, les vagues du Saint-Laurent ne devraient plus, selon lui, endommager davantage son terrain et sa maison. Tout de même: son garage et son cabanon de jardin ont été éventrés, lundi après-midi, au plus fort de la tempête.



«C'était l'enfer! On a vu des vagues de 15 pieds», dit-il. Si son quai a cédé aux vagues, ce jeune retraité s'estime malgré tout chanceux. «Dans le fond, c'est pas pire, explique-t-il. Notre voisin, lui, a carrément perdu son garage.»



De lourds dommages

À Sainte-Flavie, la très grande majorité des maisons situées au bord du fleuve ont été endommagées lundi en fin de journée, quand le vent et la marée haute ont provoqué de fortes vagues. Sur la berge, la marée basse offrait à la vue des curieux des quais endommagés ou arrachés par les vagues, des maisons aux fondations emportées par l'eau et beaucoup de débris. Certaines maisons semblent donner directement sur le vide, car leur galerie a cédé aux vagues.

En urgence, Rose-Marie Gallagher a fait livrer des roches pour tenter de combler et de renforcer le terrain de sa maison, qui a perdu sa galerie et une partie de ses fondations. «Ce côté-ci repose sur le vide», nous dit-elle en nous accueillant dans son salon.

Installée à Sainte-Flavie depuis plus de 35 ans avec son compagnon, marin, Rose-Marie Gallagher est formelle: «Je n'aurais jamais cru vivre ça», assure-t-elle. La porte-fenêtre du salon, qui donnait avant sur une galerie, semble maintenant donner directement sur le fleuve.

La petite municipalité de 950 âmes a dû décréter l'état d'urgence, lundi après-midi, et le renouveler mardi pour 24 heures. Malgré l'ampleur des dégâts matériels, tout s'est déroulé sans anicroche, se félicite le coordonnateur des mesures d'urgence, Jean-François Fortin. À présent, il lui faut penser aux lourdes réparations qui attendent ses concitoyens. «C'est le genre d'événement que les assurances ne couvrent pas, explique-t-il. C'est pour ça qu'on a demandé au gouvernement de nous classer en zone sinistrée pour qu'on puisse bénéficier du programme d'aide aux sinistrés.» La facture pourrait s'élever selon lui à plusieurs millions de dollars, auxquels il faut ajouter les coûts des dégâts causés à la route 132, emportée par endroits par le fleuve.

En ramassant sur les terrains des voisins le contenu de son cabanon emporté par les eaux, Jean-Louis Pelletier peste contre les assurances. «Ma barouette est là, mon barbecue est là, mais je ne trouve plus mon cabanon. Mon solarium est parti, ma galerie, énumère-t-il. Pourquoi les assurances me facturent parce que j'habite près du fleuve si c'est pour ne rien rembourser après?»

En Gaspésie et dans le Bas-Saint-Laurent, de 400 à 500 personnes ont dû être évacuées au cours de la soirée de lundi. Mardi soir, une cinquantaine avaient toujours besoin d'un hébergement d'urgence. Il est toutefois trop tôt pour faire une estimation des dégâts, selon la Sécurité civile.

Dans le Bas-Saint-Laurent, presque toutes les villes ont été touchées par la tempête de lundi soir. En Gaspésie, des villes telles que Carleton et Sainte-Anne-des-Monts ont été les plus touchées. Les choses sont revenues peu à peu à la normale mardi au cours de la journée. Selon les experts de l'Institut Maurice-Lamontagne, aucun phénomène de ce genre n'avait été observé dans ces deux régions depuis 1914.

Photo: François Roy, La Presse

Alphonse Fortin constate les dégâts de la maison voisine à la sienne, à Notre-Dame-du-Portage.