Si la Ville de Saint-Jérôme est l'objet d'une vérification de la part du ministère des Affaires municipales, ce n'est pas parce que le maire en a fait la demande, comme il l'a affirmé, mais bien parce que le Ministère l'avait prévue depuis longtemps, en raison de la multiplication des plaintes et des anomalies dans cette municipalité.

Le ministère des Affaires municipales confirme que ses vérificateurs examinent les dossiers de la Ville de Saint-Jérôme depuis le mois de septembre.

Cette opération s'inscrit dans la planification 2010 du Ministère, en vertu de la loi 76. Ce sont «les antécédents» de la ville des Laurentides qui ont attiré l'attention des vérificateurs de Québec.

«Cette vérification n'arrive pas au hasard en jetant un crayon sur une carte de la province, explique Caroline St-Pierre, porte-parole du Ministère, mais plutôt parce que la Ville de Saint-Jérôme a été l'objet de plusieurs plaintes au cours des dernières années. Il peut s'agir aussi d'anomalies détectées dans le programme de subventions.»

Élections clés en main, contrats accordés sans appel d'offres, proximité d'élus avec des entrepreneurs, profits spectaculaires réalisés lors de la vente de terrains à la Ville, etc., les allégations de toutes sortes pleuvent sur le maire Gascon et son administration.

Jeudi dernier, lors d'une conférence de presse organisée à la suite notamment des révélations de La Presse sur la construction de sa maison, le maire Gascon avait insisté sur le fait que, «contrairement à ce qui est colporté», son administration n'était visée par aucune «enquête».

Il a aussi réitéré son refus de quitter ses fonctions de maire et de président de l'Union des municipalités du Québec le temps de ces vérifications, comme l'exige le Parti québécois.

Il a répété que c'était seulement à sa demande que le ministère des Affaires municipales avait entrepris une «vérification» - et non une enquête - sur le processus administratif de la Ville, en raison de «rumeurs d'irrégularités».

«Faux, réplique Caroline St-Pierre. Le Ministère n'entame jamais de vérification à la demande d'un maire.» Elle précise qu'il n'y a pas d'enquêteurs dans son ministère, donc jamais d'enquête, mais des vérificateurs. Il y aurait donc confusion sur les mots. «Nous ne sommes pas des policiers», dit Caroline St-Pierre.

Malgré tout, le ministère des Affaires municipales a indiqué récemment qu'il n'entendait pas donner suite à la «demande d'enquête» qu'a faite l'ex-maire de Saint-Jérôme Jean-Claude Hébert le 18 mars au sujet du controversé Quartier 50+.

D'autres plaintes en vue

Les jours qui viennent risquent d'être difficiles pour le maire Gascon.

La Presse a appris que Jean-Claude Hébert s'apprête à porter d'autres plaintes à la suite des enquêtes publiées cette semaine par La Presse. Les points en litige sont la construction de la maison du maire Gascon par des entrepreneurs qui ont d'importants contrats avec la Ville et la vente de terrains dans le cadre du futur parc multisports.

Malgré tout, Jean-Claude Hébert considère que le ministère des Affaires municipales n'est plus le bon interlocuteur: «Il faut un enquêteur (de police) pour aller plus profondément dans les dossiers.»

Le maire Gascon n'était pas disponible hier pour répondre aux questions de La Presse en raison «d'un emploi du temps chargé», nous a répondu son responsable des communications. Il a été impossible aussi d'obtenir les factures des travaux de sa maison, qu'il s'était engagé à nous remettre, jeudi, lors de son point de presse.