Éclaboussé par diverses allégations sur son intégrité, le maire de Terrebonne défend sa réputation et plus particulièrement ses liens d'amitié avec l'entrepreneur Normand Trudel.

Dans une déclaration qu'il a lue avec assurance hier au cours d'une conférence de presse, Jean-Marc Robitaille a tenté de démonter point par point chacune des révélations du réseau TVA.

Sa voix s'est étranglée quelques secondes lorsqu'il a évoqué les «derniers jours particulièrement difficiles» pour sa famille et lui.

Le cas de Normand Trudel, qui dirige notamment la firme Transports et Excavation Mascouche, a été longuement évoqué lors de cette conférence de presse. Sur les 280,7 millions de dollars qu'a déboursés la Ville en contrats depuis 2007, il a récolté près de 22,7 millions de dollars.

Son nom est aussi cité dans un reportage de l'émission Enquête de Radio-Canada qui cible le maire de Mascouche, Richard Marcotte. On y apprend que Trudel aurait raflé pour 40 millions de dollars de contrats de cette municipalité depuis 2000 et qu'il aurait payé des travaux dans la maison du maire. Toujours selon Radio-Canada, des véhicules de sa firme auraient aussi été utilisés pour la pose de pancartes lors de la campagne électorale du maire Marcotte en 2005.

Apparence de conflit d'intérêts

Or, Normand Trudel est un ami de très longue date du maire Robitaille: ils se connaissent depuis 40 ans, a précisé ce dernier, qui dit le fréquenter depuis l'âge de 15 ans.

Cette longue amitié a-t-elle favorisé l'entrepreneur de Mascouche dans l'adjudication de contrats? «Jamais» assure Jean-Marc Robitaille. «J'ai toujours tiré des lignes très claires entre mes fonctions et mes liens avec certaines personnes», a-t-il martelé.

C'est donc en «toute bonne foi» et au nom de cette amitié que le maire dit avoir accepté, en avril 2008, de devenir «à titre personnel cofiduciaire de la fiducie Trudel».

Il l'est demeuré jusqu'au mois d'août 2008, lorsque le greffier de la Ville lui a fait remarquer que ce «service rendu à un ami pouvait soulever une apparence de conflit d'intérêts». Le maire se serait alors immédiatement retiré de la fiducie.

C'est pour cette raison, a-t-il fait valoir, que cette responsabilité ne figure pas dans la déclaration d'intérêts qu'il a faite en décembre 2008.

Avec le recul, le maire admet que cet engagement «n'était pas la meilleure chose à faire», mais il soutient qu'il n'a «jamais pensé que cela pourrait avoir des conséquences». Il a insisté sur le fait que, pendant la période où il était présent, la fiducie, qui se spécialisait dans l'immobilier, n'a jamais «conclu de contrats» ou «bénéficié d'avantages» de la municipalité dont il est maire.

Normand Trudel est aussi le premier actionnaire d'Écolosol, qui a comme associé Tony Accurso. Jean-Marc Robitaille a refusé de confirmer s'il avait été invité sur le bateau de Tony Accurso en compagnie de M. Trudel.

La Presse a aussi appris que la fille de Normand Trudel a été embauchée comme cadre en 2008 au service des communications de la Ville de Terrebonne. L'attachée de presse du maire nous l'a confirmé, mais elle a nié toute intervention de Normand Trudel ou du maire dans cette embauche.

Jean-Marc Robitaille a aussi nié que Pierre H. Vincent, qui, selon TVA, a réalisé un profit de 1,2 million de dollars en revendant des terrains qu'il avait acquis de la Ville, ait été un «ami ou un collaborateur»: «C'est un ex-collègue député (du Parti conservateur), sans plus.»

Le maire a conclu son allocution en citant un avis verbal de l'universitaire Jean Hétu. Ce spécialiste en éthique considérerait qu'il a «en tout temps respecté toutes les prescriptions de la loi relativement aux conflits d'intérêts des élus municipaux».

Jean Hétu n'a pas souhaité répondre aux questions de La Presse sur le cas de Jean-Marc Robitaille. «Je prépare une opinion juridique qui sera remise dès le début de la semaine prochaine à la Ville de Terrebonne», a t-il indiqué dans un courriel.