Les caméras ne sont plus les bienvenues au conseil municipal de Beloeil, qui se réunit ce soir. La mairesse de cette ville de la Rive-Sud a interdit à la télévision communautaire qui dessert la région de filmer la rencontre mensuelle des élus.

La chaîne TVR9 diffusait les séances du conseil municipal de Beloeil depuis 25 ans, mais plus maintenant. Sa caméra est exclue de la salle depuis la fin du mois de novembre.

 

À la place, la chaîne diffuse une émission produite par la Ville. La mairesse, Diane Lavoie, y résume les décisions du conseil municipal et répond à des questions envoyées par des citoyens, questions qui lui sont posées par sa responsable des communications.

Pendant le dernier mandat, Mme Lavoie était conseillère municipale dans l'équipe du maire Réal Jeannotte. Lorsque son chef a quitté la politique, c'est elle qui a rallié ses conseillers. Elle a recueilli 60% des votes aux élections du 1er novembre pour devenir la première mairesse de cette ville de 20 000 habitants.

Or, les controverses ont été nombreuses à Beloeil au cours des dernières années. À maintes reprises, des citoyens et des travailleurs ont dénoncé des changements de zonage qui permettaient l'établissement de commerces dans des quartiers résidentiels, la construction d'un aréna en partenariat public-privé et la suspension d'une dirigeante syndicale qui s'était publiquement opposée au projet.

Ces interventions ont donné lieu à des échanges acerbes, voire à des disputes pendant les périodes de questions allouées chaque mois aux citoyens. Mme Lavoie affirme que ces dérapages sont le fait d'un petit groupe de citoyens qui monopolise les séances, et qui empêche les autres d'interpeller les élus. Sa solution au problème: remplacer la diffusion des séances du conseil par une émission produite par son service de communications.

«Les gens qui écouteront l'émission auront vraiment l'information avec les périodes de questions, a indiqué Diane Lavoie à La Presse. Ce ne sera plus tout le temps les mêmes personnes qui viennent poser les mêmes questions.»

La décision a été critiquée par la Fédération professionnelle des journalistes du Québec et par l'ex-député péquiste Jean-Pierre Charbonneau.

La mairesse, elle, assure que le règlement fait partie d'une stratégie pour mieux communiquer avec les citoyens. Mais elle convient que les dérapages diffusés à la télévision communautaire dans les derniers mois ont nui à l'image de sa municipalité.

«On est une ville de 20 000 habitants, a-t-elle expliqué. Ce n'est pas une belle image à faire de notre ville, surtout si quelqu'un veut y emménager.»

«On trouve ça éminemment désagréable, rétorque François Gauthier, président de TVR9. Ce n'est pas respectueux des citoyens.»

Selon lui, l'administration municipale n'a pas à pénaliser les médias parce que des citoyens sont mécontents de ses décisions: «L'actuel conseil municipal semble penser que c'est la faute des médias si la population est au courant de ses dérapages.»