Le délai anormalement long que met la ministre Line Beauchamp à lancer les audiences publiques au sujet du site d'enfouissement de terres contaminées d'Écolosol à Mascouche s'explique par sa volonté de ménager le maire Richard Marcotte, lui-même ancien candidat du parti libéral.

C'est l'accusation lancée par Serge Hamelin, qui se présente à la mairie de Mascouche. M. Hamelin souligne par ailleurs que Normand Trudel, propriétaire d'Écolosol avec l'homme d'affaires Tony Accurso, est un ami de M. Marcotte et aussi un important donateur du Parti libéral du Québec.

 

«La ministre a tout en main depuis le mois de mai pour annoncer des audiences publiques, dit M. Hamelin. Dans tous les autres cas, il faut une quarantaine de jours pour annoncer des audiences publiques. Là, ça fait quatre mois!»

De son côté, Normand Trudel reconnaît en entrevue à La Presse avoir fait remarquer à la ministre Beauchamp qu'il ne serait pas opportun, selon lui, que les audiences publiques se déroulent pendant la campagne électorale municipale.

«J'ai écrit une lettre à la ministre à la fin juin, a-t-il dit. On voulait savoir s'il y aurait audiences et on lui a dit qu'il fallait qu'elle tienne compte du fait qu'il y aurait des élections le 1er novembre.»

M. Trudel a ajouté que déjà, lors de la séance d'information du mois de mars, la demande d'Écolosol intéressait les candidats de l'opposition à Mascouche. «Quand on voit cinq candidats au poste de conseiller qui monopolisent le micro, on se disait qu'il ne faudrait pas que ça devienne un enjeu électoral, a-t-il dit. Le BAPE, c'est un processus sérieux.»

De son côté, le maire Marcotte nie avoir fait des pressions ou qu'on en ait fait en son nom. «Ceux qui prétendent ça vivent dans des hallucinations, a-t-il déclaré à La Presse. Il n'y a eu aucune intervention de moi ou de mes fonctionnaires pour faire reporter ces choses-là. La seule intervention qui a été faite a été pour accélérer le développement du train.»

M. Marcotte ne nie pas ses liens avec M. Trudel. Mais ce dernier ne siège plus comme administrateur à sa fondation, qui encourage les jeunes sportifs.

La ministre du Dévelop-pement durable, de l'Environnement et des Parcs, Mme Beauchamp, a fait répondre par ses attachés de presse que le dossier était toujours à l'étude.

Écolosol exploite déjà à Mascouche un lieu d'enfouissement pour les terres faiblement contaminées (jusqu'au critère C dans le jargon), mais demande l'autorisation de recevoir à l'avenir tous les types de terres, même les plus contaminées.

Il y a au moins trois demandes, dont une apparaît sérieuse à sa face même: celle du Conseil des entreprises en services environnementaux, qui juge que le marché ne justifie pas l'ajout d'un site d'enfouissement et que la politique québécoise en la matière privilégie le traitement plutôt que l'enfouissement.