Neuf députés, deux maires et plusieurs organismes s'opposent au projet de la Télévision régionale de Laval (TVRL), qui veut installer une antenne qui couvrirait Laval et une bonne partie de la couronne nord.

TVRL pourrait alors diffuser sur le câble 24 heures sur 24 au lieu de quatre heures par jour comme c'est le cas actuellement. Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) entendra cette demande à la fin du mois.

 

Selon le député fédéral de Montcalm, Roger Gaudet, qui a écrit au CRTC, le projet de TVRL «risque de compromettre l'équilibre financier nécessaire à la survie de la télévision communautaire locale».

De son côté, la Fédération des télévisions communautaires autonomes du Québec affirme: «Sous le couvert d'une incorporation d'organisme à but non lucratif, TVRL sert davantage les intérêts de quelques personnes et entreprises liées.» TVRL n'est pas membre de la fédération.

Au centre de cette controverse se trouve Francis M. Cuggia, cofondateur et vice-président de TVRL. Selon les états financiers de TVRL, certaines de ses émissions sont produites par une société dirigée par M. Cuggia et sa conjointe. TVRL loue des locaux à une autre société appartenant à M. Cuggia. De plus, M. Cuggia a prêté 225 000$ à TVRL.

M. Cuggia nie être en conflit d'intérêts. Il dit que le loyer de TVRL est très favorable. Il ajoute que la Fédération des télés communautaires «a toujours refusé» de discuter avec lui.

Par contre, il ne nie pas que TVRL a un caractère plutôt commercial. «On fonctionne un peu différemment, dit-il. On est des gens d'affaires qui ont réussi à aider la télé communautaire. TVRL représente la communauté lavalloise, et non le communautaire lavallois.» Il veut rassurer les télés communautaires voisines. «On leur offre de rediffuser leurs émissions», dit-il.

Vidéotron accorde à TVRL quatre heures par jour au canal câblé Vox. Selon la politique du CRTC, pour avoir accès à cette diffusion gratuite, une télé communautaire doit nécessairement être une société à but non lucratif. Vox, la chaîne communautaire de Vidéotron, exige que ses fournisseurs comme TVRL respectent cette obligation.

TVRL a l'appui de la Ville de Laval, qui lui verse une subvention de fonctionnement de 25 000$ en plus de financer une partie de sa production. TVRL a aussi reçu des fonds publics par l'entremise du Centre local de développement de Laval. En outre, selon les statuts de TVRL, la Ville nomme quatre administrateurs à son conseil.

Ce sont ces liens que dénonce Claude Rousseau, avocat, membre fondateur de TVRL et président de TVGL, un concurrent de TVRL qui veut s'implanter à Laval. «Quand j'étais à TVRL, il ne fallait pas émettre une seule question critique au sujet de Laval, dit M. Rousseau. Nous, on veut faire de l'information crédible et indépendante.»

Laval continue d'appuyer le projet, «mais il va falloir qu'il se réalise dans l'harmonie», dit Marc Laforge, le porte-parole de la Ville. Il nie toutefois que la Ville influe sur la programmation. «La Ville de Laval ne s'immisce pas dans le contenu, sauf pour répondre au grand nombre de demandes d'entrevue, ajoute M. Laforge. Les gens qui font partie du conseil d'administration sont là à titre de bénévoles.»