Des problèmes de moisissures au département de géographie de l'Université de Montréal ont un impact sur la santé du personnel. La direction de la santé publique recommande que les travailleurs soient déplacés le temps que des travaux de décontamination soient réalisés.

C'est ce que concluent deux rapports produits par la direction de la santé publique de Montréal (DSP), l'un sur la contamination fongique du bâtiment et l'autre sur la santé du personnel, qui ont récemment été remis à l'Université de Montréal et que La Presse a obtenus.

Sur la base de ces deux rapports, un comité paritaire, formé de membres du syndicat des professeurs et de la direction de l'université, a unanimement recommandé, le 1er février dernier, que «le département de géographie soit déménagé dans les plus brefs délais».

Plus de trois semaines plus tard, rien n'a encore bougé, ce qui fait bondir les professeurs.

«Ça devient très grave. Le vice-recteur [aux finances et aux infrastructures] fait fi des recommandations d'une instance légale en vertu du Code du travail», dénonce Jean Portugais, président du Syndicat général des professeurs de l'Université de Montréal. Il affirme que l'Université «pellette le problème par en avant».

Signe de leur exaspération, les professeurs du département ont écrit de nouveau au vice-recteur hier pour lui demander une «relocalisation immédiate».

«Nous prenons la situation très au sérieux», affirme de son côté le porte-parole de l'Université, Mathieu Filion.

La semaine dernière, le vice-recteur aux finances et aux infrastructures, Éric Filteau, a écrit aux employés pour les informer que l'Université discute activement avec la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys, propriétaire du bâtiment. Elle lui demande de préparer un plan d'action pour enrayer les problèmes d'infiltration d'eau.

L'Université souhaite que des travaux de décontamination soient entrepris l'été prochain. Dans sa lettre, M. Filteau informe les professeurs que les cours du trimestre d'été seront donnés ailleurs qu'au pavillon Strathcona.

Entre-temps, des «mesures de mitigation» pourraient être mises en place, notamment pour évacuer l'air contaminé à l'extérieur, suggère l'Université.

Les personnes qui se sentent malades sont invitées à consulter un médecin. «Ce sera géré au cas par cas. Si on constate un problème de santé avec une personne, on va la déménager», indique Mathieu Filion.

Des problèmes de longue date

Les problèmes de moisissures au pavillon Strathcona ne datent pas d'hier. Des infiltrations d'eau en 2002 ont entraîné des travaux d'urgence. En septembre 2011, La Presse a révélé que deux salles de classe avaient été condamnées en raison de moisissures. Elles sont toujours fermées aujourd'hui.

Le pavillon construit au XIXe siècle appartient à la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys. Le département de géographie y a été aménagé de façon «temporaire» il y a une trentaine d'années. Il doit être déménagé dans le nouveau pavillon des sciences, à Outremont, mais l'ouverture n'est prévue qu'en 2017.

La direction de la santé publique a été interpellée à la fin de l'été dernier. L'analyse a révélé 20 types de moisissures.

«Les concentrations sont faibles, mais ce qui est caractéristique ici, c'est qu'il y a une longue liste de types de moisissures qui ne devraient pas être dans un environnement intérieur», explique le Dr Louis Jacques, médecin à la DSP.

Le rapport, daté du 30 janvier 2013, recommande notamment des travaux de drainage sous la dalle de fondation, l'enlèvement des tuiles de plancher contaminées au rez-de-chaussée ainsi que la décontamination de la maçonnerie sur une section du bâtiment, ce qui signifie l'enlèvement complet des briques et du mortier contaminés.

Réalisé en décembre 2012, le portrait de l'état de santé du personnel est pour sa part «préliminaire» puisqu'une minorité d'employés ont accepté de répondre au questionnaire. Les problèmes de santé rapportés démontrent toutefois qu'ils sont «probablement» liés à la qualité de l'air.

La DSP recommande le transfert du personnel pendant la réalisation des travaux. «Le portrait est préliminaire, ce qui nous empêche de déterminer de façon précise quelle est l'urgence ou non d'agir», précise le Dr Jacques.