La mise de côté de plusieurs projets d'immobilisation dans le réseau de la santé pour au moins un an inquiète le président du conseil d'administration de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont, qui possède les pires urgences au Québec et des installations qui datent, dans certains cas, de 1950. Ce dernier a interpellé le ministre Réjean Hébert en pleine conférence de presse, hier, afin de plaider pour la poursuite du grand plan de réfection de l'hôpital de 900 millions.

«Nous sommes préoccupés et anxieux devant les décisions que vous prendrez très prochainement sur les priorités d'investissement en matière d'infrastructures de santé. Avec la tournée que vous avez faite aujourd'hui, nous espérons vous avoir convaincus des besoins immenses et réels de la population de l'est de Montréal d'avoir accès à des infrastructures de santé qui y répondent», a lancé Pierre Durocher lors d'une conférence de presse visant ironiquement à souligner le début des travaux de modernisation et de réfections des urgences de l'hôpital, un projet de 71 millions déjà annoncé par l'ancien ministre Yves Bolduc.

Or, ce projet de rénovation était déjà prévu au plan quinquennal d'immobilisation. Le Parti québécois avance aujourd'hui que des projets d'infrastructure dont les coûts totalisent 2,3 milliards annoncés sous les libéraux n'avaient pas été rattachés au plan d'infrastructure.

Dans un contexte où le gouvernement vise un retour à l'équilibre budgétaire en 2013-2014, plusieurs projets seront mis sur la glace. La construction d'un nouveau pavillon à la Cité-de-la-Santé de Laval, un projet de construction de 90 millions à l'Institut de cardiologie, l'ajout de deux étages à l'hôpital Le Gardeur, la rénovation de l'hôpital de Saint-Jérôme et la construction d'un nouveau centre de traumatologie à Sacré-Coeur sont tous des projets qui pourraient être repoussés.

«Sur les 2,3 milliards, il est clair qu'il y a un certain nombre de projets qu'on ne sera pas capables de réaliser. Ça, c'est clair. Il y aura des priorités à faire», a répondu le Dr Hébert.

Selon le ministre, le gouvernement fera connaître ses décisions au cours des prochaines semaines.

Dans le cas de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont, le Dr Hébert a toutefois souligné que le service de dialyse, qui se trouve dans des locaux construits «temporairement» il y a 14 ans, fait partie de ses priorités.

«On comprend très bien que le Ministère ait des préoccupations budgétaires et qu'il doit gérer ça. Il n'en demeure pas moins qu'il y a des besoins dans l'est de Montréal et il va y avoir un déficit énorme entre les besoins et les ressources disponibles s'il n'y a pas d'annonces qui sont faites à plus ou moins court terme. Il y a un écart qu'on ne sera pas capable de combler ou que l'on va être obligé de combler en catastrophe», affirme M. Durocher. Ce dernier souligne par ailleurs que le plan de construction de 900 millions, qui comprend notamment un centre de cancérologie, un nouveau pavillon d'hospitalisation et un centre de recherche, a été bâti en plusieurs phases et ne nécessite pas un décaissement total immédiat.

Urgences qui débordent

Avec 65 000 visites annuellement et 17 000 arrivées en ambulance, les urgences de Maisonneuve-Rosemont sont les plus achalandées du Québec. Le séjour sur civière aux urgences atteint actuellement 39 heures avant un congé ou une hospitalisation dans un lit aux étages. Le ministre Hébert a vertement déploré cette situation.

Le projet de rénovation de l'urgence annoncé hier ne comporte pas l'ajout de lits. On compte toutefois construire une unité de débordement pour les urgences, ce qui devrait indirectement augmenter la capacité de l'hôpital. Le nombre de civières qu'elle pourra accueillir n'a pas encore été déterminé.

«Cette unité va nous permettre d'avoir une zone tampon. Oui, on a de plus gros locaux; oui, on a de meilleures facilités, mais la nouvelle urgence ne règle rien. Avec cette unité, les civières ne seront plus dans les corridors et on va pouvoir y faire marcher les personnes âgées.»