Le Centre universitaire de santé McGill (CUSM) peine à retrancher 50 millions de ses dépenses afin d'éviter d'enregistrer un déficit monstre. Le ministère de la Santé vient d'accorder un délai supplémentaire à l'hôpital, qui devait normalement déposer aujourd'hui son plan de retour à l'équilibre budgétaire.

Cette semaine, les gestionnaires du CUSM ont rencontré les trois syndicats pour leur annoncer les coupes à venir dans chaque service. Lors de différentes rencontres, la direction a indiqué avoir réussi à sabrer seulement une trentaine de millions de dollars sur les 50 millions demandés, principalement en gelant l'embauche, en fermant des postes vacants et en ne remplaçant plus les employés en congé de maladie ou de maternité.

Au-delà de cette somme, les services à la population vont en souffrir, aurait indiqué le CUSM à l'accompagnateur spécial nommé pour aider l'hôpital à assainir sa gestion, le Dr Michel Bureau.

La présidente du syndicat des infirmières, affilié à la Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ), s'inquiète à la fois des impacts des compressions sur les soins à la population et du fait que la direction n'a pas encore été en mesure de réaliser les efforts demandés par le gouvernement du Québec dans les temps prévus. «Nous avons perdu confiance en l'administration. On se demande quel est le plan du directeur général. Est-ce d'aller sous tutelle?», s'est questionnée Line Larocque en entrevue avec La Presse.

La cible de réduction de dépenses de 50 millions a été établie à la suite du dépôt du rapport Baron, un exercice de vérification qui a révélé que l'établissement pourrait se retrouver avec un déficit de 115 millions en 2012-2013 - du jamais vu dans l'histoire du Québec. Ce dérapage aurait notamment été occasionné par une augmentation injustifiable des heures rémunérées par rapport à la quantité de soins prodigués. Le CUSM paierait l'équivalent de 500 personnes additionnelles à temps complet par rapport à 2009. Le rapport Baron fait également état de transactions immobilières à perte et d'un manque à recevoir de la Fondation de l'hôpital Royal Victoria. Notons qu'en 2011-2012, le CUSM avait déjà enregistré un déficit de 20,3 millions.

Un aperçu des coupes à venir

Les différents services commencent à avoir une idée des coupes à venir. Les trois syndicats qui représentent les employés (FIQ, CSN et l'Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS)) ont reçu au cours des derniers jours les sommes établies jusqu'à présent par les gestionnaires. La Presse a colligé ces chiffres (voir tableau ci-contre).

On songerait par ailleurs sérieusement à fermer le service d'urologie et de plastie de l'Hôpital général de Montréal. Les 16 lits, qui ne seront pas fermés, seront déplacés sur d'autres étages.

Le directeur des communications du CUSM, Richard Fahey, refuse de confirmer les sommes avant qu'elles soient officiellement déposées à la prochaine rencontre du conseil d'administration du CUSM, le 4 mars.

Au ministère de la Santé, la porte-parole Noémie Vanheuverzwijn s'est bornée à indiquer qu'une extension jusqu'en mars a été accordée à l'accompagnateur pour mettre en oeuvre «un plan de retour à l'équilibre budgétaire sans toucher l'offre de soins et de services».

Francis Collin, responsable politique pour le CUSM à l'APTS, doute que les compressions n'aient pas d'impact sur les soins. Au début de la semaine, les gestionnaires lui ont appris que 4,4 millions seront sabrés dans les laboratoires et 3,6 millions en radiologie.

«Ça nous inquiète énormément parce que ce sont des services diagnostiques, a-t-il affirmé. Ce n'est pas à la population et aux salariés de faire les frais de la mauvaise gérance de l'administration. Si les patients ne diminuent pas d'entrée et si les médecins continuent de faire des requêtes, comment va-t-on y arriver avec des effectifs réduits alors que, déjà, le CUSM paie des heures supplémentaires pour suffire à la demande?»

Afin d'épargner, le CUSM fera des coupes dans les postes vacants. «Or, ces postes sont occupés par des remplaçants qui, souvent, étaient là depuis presque deux ans. Ces postes n'ont jamais été titularisés, souligne M. Collin. Ça va créer une surcharge de travail qui va être mise sur les épaules de ceux qui restent. On nous a aussi dit qu'il y aurait des coupes de postes, mais combien? On ne nous l'a pas encore dit.»