En raison d'une éclosion de bactéries résistantes à plusieurs antibiotiques - appelées entérocoques résistants à la vancomycine (ERV) -, les visites sont interdites à l'hôpital Santa Cabrini depuis le 12 janvier.

«On est aux prises avec une éclosion d'ERV, a confirmé à La Presse Rocco Famiglietti, directeur des communications de l'hôpital montréalais. On a eu globalement 65 cas nosocomiaux, dans les différentes unités de soins, depuis janvier 2013. On n'a pas eu de décès à cause de l'ERV.»

Au Québec, 3523 nouveaux cas d'ERV ont été recensés en 2010-2011. Cela représente une hausse «très importante» de 85,7% par rapport à l'année précédente, d'après un bilan de l'Institut national de santé publique (INSPQ). La vaste majorité (74,4%) des cas ont été relevés dans la région de Montréal, mais la bactérie est présente partout dans la province.

L'utilisation croissante des antibiotiques et la hausse du nombre de diarrhées (associées notamment au Clostridium difficile) contaminant les hôpitaux coïncident avec les pics de prévalence d'ERV, note l'INSPQ. Au cours des derniers mois, les hôpitaux de Chicoutimi, de Rivière-Rouge, de Hull, de Gatineau, de Trois-Rivières, de Saint-Georges et du Sacré-Coeur de Montréal ont combattu des éclosions d'ERV.

Situation stable

L'hôpital Santa Cabrini a suivi les recommandations de la santé publique dès l'apparition de plus de deux cas dans une unité, a assuré M. Famiglietti. «Malheureusement, cela n'a pas fonctionné», a-t-il admis. La bactérie s'est propagée dans deux autres unités.

En conséquence, les visites ont été interdites. Les patients touchés ont été isolés dans des chambres individuelles ou regroupés dans les chambres à plusieurs lits. Du personnel infirmier, d'hygiène et de salubrité a été ajouté. «La situation s'est stabilisée, dans le sens que le dépistage relève beaucoup moins de cas d'ERV», a précisé M. Famiglietti.

Cette éclosion à Santa Cabrini, «ce n'est pas normal et ce n'est pas bon», a affirmé Domenico Tudino, rencontré hier devant l'hôpital. Il attendait sa femme, qui avait obtenu une autorisation spéciale pour visiter sa mère. «Elle met une blouse et un masque, pour ne pas l'attraper et ne pas le donner aux autres», a-t-il expliqué. Une réouverture graduelle des visites à Santa Cabrini est envisagée à compter de demain.

Nombre record d'infections

Bien qu'ils n'entraînent généralement pas d'infections chez les gens en bonne santé, les entérocoques peuvent causer des infections urinaires, de plaies ou du sang. Un nombre record de 61 infections causées par les ERV ont été observées au Québec en 2010-2011.

«Ces infections peuvent être sévères, particulièrement pour les patients fragilisés, et leur traitement peut représenter un défi en raison des options thérapeutiques limitées», souligne l'INSPQ. Déjà, la vancomycine est utilisée comme solution de rechange quand d'autres antibiotiques, comme la pénicilline, ne font plus effet.

Les ERV se transmettent par contact avec une personne contaminée, ou en touchant à des surfaces ou des objets contaminés. Ils peuvent survivre plusieurs semaines sur une poignée de porte ou un commutateur s'ils ne sont pas désinfectés, indique l'Agence de la santé publique du Canada.

> Avez-vous été contaminé par une bactérie résistante aux antibiotiques? Écrivez à notre journaliste: mallard@lapresse.ca

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Nouveaux cas d'ERV* au Québec

2010-2011 : 3523 cas (hausse de 86% des cas en un an)

2009-2010 : 1897 cas

2008-2009 : 1154 cas

2007-2008 : 577 cas

2006-2007 : 834 cas

*Entérocoques résistants à la vancomycine (ERV)

Source: INSPQ