Même s'il juge «inacceptable» le fait que le CUSM ait accordé un traitement VIP à une Koweitienne contre la somme de 200 000$, le ministre de la Santé, Réjean Hébert, n'entend pas mettre l'établissement à l'amende.

Une Koweïtienne opérée au CUSM: des soins VIP pour 200 000 $

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«L'établissement concerné a déjà des problèmes budgétaires importants, et il a déjà un devoir important de rétablir l'équilibre budgétaire et les processus de gestion. Je pense qu'il doit se concentrer sur ces opérations», a-t-il affirmé.

Le CUSM est effectivement le cancre des hôpitaux québécois en matière de gestion. On prévoit que son déficit d'élèvera à au moins 53,2 millions en 2012-2013. À titre de comparaison, le déficit total des 182 autres établissements de santé était de 80,6 millions l'année dernière. Le ministre a nommé un accompagnateur pour le CUSM afin d'éviter de le mettre en tutelle.

Comme l'a révélé La Presse ce matin, une Koweitienne de 31 ans a profité des pétrodollars de son gouvernement pour obtenir un traitement de faveur au CUSM. Elle a été transportée de l'aéroport à l'hôpital en ambulance, a bénéficié d'un interprète et a refusé de partager sa chambre. Le CUSM, qui a besoin d'argent, n'écarte pas la possibilité de récidiver.

M. Hébert ne croit toutefois pas que l'hôpital ait fait une si bonne affaire. «Je doute même des sommes qu'ils sont allés chercher. Vous savez, 200 000$ pour une chirurgie cardiaque avec un mois d'hospitalisation, ce n'est pas cher quand vous regardez les tarifs pratiqués par nos voisins du Sud.»

Surtout, cette pratique est injuste pour les Québécois qui attendent d'être opérés par le système qu'ils paient  avec leurs taxes et leurs impôts, dénonce-t-il. «J'ai rappelé à tous les établissements que le Québec n'est pas un endroit où on peut faire du tourisme médical. Car - appelons les choses par leur nom - c'était ça. Il faut prioriser les soins aux Québécois. Si on a des disponibilités de salle d'opération et de salle de soins intensifs pour ce genre d'initiative, mettons-les à la disposition des citoyens du Québec qui attendent.»

Est-ce illégal? «On peut le faire pour des raisons humanitaires, mais si c'est pour des raisons budgétaires, il y a un problème important», a répondu le ministre.

Il n'a pas eu vent d'autres cas similaires.

Le CUSM assure que l'arrangement respectait la directive du ministère de la Santé, qui demande de facturer environ trois fois le coût normal des soins aux non-résidants qui ne cotisent pas à la Régie de l'assurance maladie du Québec.

Son porte-parole Richard Fahey soutient que la salle d'opération où la Koweitienne a été soignée était normalement fermée. C'est cela à cause de son argent qu'on a pu l'ouvrir. Aucun patient québécois n'aurait pu y être traité, dit-il. Il ajoute qu'une patiente québécoise souffrant du même mal aurait été traitée «immédiatement» dans le système public.

- Avec Vincent Larouche