La formation d'une douzaine de nouvelles infirmières en chirurgie pédiatrique, récemment embauchées pour parer à une pénurie importante de personnel, force l'hôpital Sainte-Justine à ralentir la cadence de ses opérations. Depuis un mois, deux salles du bloc opératoire sur huit sont fermées, ce qui prolonge l'attente pour les enfants qui doivent subir une intervention non essentielle à leur survie.

La direction de l'hôpital Sainte-Justine assure qu'on opérera tous les cas urgents à l'intérieur des cibles médicalement prescrites. Mais pour assurer cette mesure, l'attente sera plus longue pour les interventions en chirurgie plastique, en oto-rhino-laryngologie ou pour la correction de malformations congénitales.

Cette situation, qui risque de durer jusqu'au printemps, reflète un casse-tête de plus en plus fréquent pour les gestionnaires des hôpitaux, qui doivent jongler avec des vagues de départs soit à la retraite chez les infirmières, soit en congé de maternité peu après l'embauche chez les jeunes finissantes qui les remplacent.

Ce jeu de chaises musicales est encore plus important aux blocs opératoires, où l'âge moyen des infirmières était, il y a quelques années, le plus élevé de la profession.

Vingt-sept infirmières sont nécessaires pour faire fonctionner huit salles du bloc opératoire de Sainte-Justine. Mais l'automne dernier, une vague de départs en congé de maternité ou de maladie a mené la direction de l'hôpital à ouvrir 12 nouveaux postes.

La direction est parvenue à tous les pourvoir à la mi-novembre. La formation pour le travail en bloc opératoire pédiatrique est de trois mois, affirme le Dr Marc Girard, directeur des affaires médicales et professionnelles au CHU Sainte-Justine.

«Je travaille à Sainte-Justine depuis 34 ans et c'est la première fois qu'il y a autant d'infirmières en formation au même moment», a expliqué la présidente du syndicat des professionnels en soins infirmiers et cardio-respiratoires, Sylvie Lozier.

«Récemment, il est arrivé qu'on ait sur un même quart de travail sept novices et sept infirmières expérimentées. Ça fait que les infirmières qui forment sont surchargées. Mais si on veut offrir des soins de qualité, on ne peut pas fonctionner à plein régime. On n'a pas le choix. Ils ont essayé d'avoir sept salles d'ouvertes avant Noël, mais c'était trop.»

Mme Lozier évalue pour sa part qu'il faut entre six mois et un an avant d'être pleinement fonctionnelle au bloc opératoire pédiatrique, un domaine qui nécessite des compétences dans plusieurs spécialités médicales.

Prévoir les retraites et les congés de maternité

Le Dr Girard avoue que la pénurie récente de personnel infirmier représente un défi.

«Le départ à la retraite des infirmières est quelque chose que l'on voyait venir, sauf qu'elles ne partent plus à 65 ans comme avant; plusieurs partent dans la cinquantaine. C'est très difficile, ensuite, de prévoir à quel moment les jeunes femmes qui les remplacent partiront en congé de maternité.»

Il estime qu'à l'issue du programme de formation, neuf d'entre elles devraient rester, car il n'est pas donné à tout le monde de travailler en chirurgie.

«Oui, on a hâte d'avoir nos huit salles. On pense même pouvoir rouler à neuf salles un jour», conclut le Dr Girard.