Le taux de suicide des Québécois a continué de baisser en 2010 et 2011, selon de nouvelles données de l'Institut national de santé publique du Québec. Résultat: le Québec n'a plus le pire taux de suicide des provinces canadiennes. Depuis 2009, il figure au quatrième rang, après la Saskatchewan, le Manitoba et la Nouvelle-Écosse.

> Le rapport de l'INSPQ (PDF)

« C'est encourageant de voir que les efforts qui sont faits donnent des résultats », dit Bruno Marchand, directeur de l'Association québécoise de prévention du suicide.

« Mais c'est aussi décourageant de voir qu'il y a quand même plus de 1000 personnes qui se suicident chaque année, alors qu'on pourrait en avoir 500 ou 800 de moins. Il suffirait de mettre en place des moyens bien connus, qui ont déjà fait leurs preuves », poursuit-il.

En 2010, 1089 Québécois se sont enlevé la vie, dont 222 Montréalais. Cela représente un taux de 13,7 suicides par tranche de 100 000 habitants. Lorsqu'on observe une carte de la métropole, le taux progresse d'ouest en est, car les francophones sont plus nombreux à se suicider que les anglophones et que de nombreux immigrés.

Autre constat : les hommes continuent de se suicider trois fois plus que les femmes (829 Québécois l'ont fait en 2010, contre 258 Québécoises). Mais peu importe le sexe, les personnes âgées (65 ans et plus) et les adolescents se suicident moins que les autres.

Pour M. Marchand, c'est bien la preuve qu'on peut faire des miracles en ciblant ses efforts. Il y a 20 ans, la situation des adolescents québécois était tout autre, leur taux de suicide étant alors l'un des pires au monde. Grâce aux efforts des cégeps et des commissions scolaires, c'est leur situation qui s'est le plus améliorée, suivie de celle des 20-35 ans.

Un programme visant les policiers montréalais a par ailleurs permis de réduire leur taux de suicide de 80%. « Ce n'est pas qu'ils vivent moins de détresse ou de stress. Aujourd'hui, ils sont mieux soutenus. Tout le monde s'est impliqué », expose M. Marchand.

« Si on faisait ça pour les hommes, on verrait leur taux de suicide chuter. L'Australie y est parvenue», souligne-t-il.

«On n'a pas de temps à perdre : chaque jour qui passe, on perd trois autres personnes. Pour la société, le fardeau de tous ces morts est énorme. On fait fausse route de remettre ça entre les mains des familles.»

Fait encourageant : si le taux de suicide des Québécois atteint un sommet à 50 ans, il ne cesse ensuite de baisser jusqu'à 80 ans. Ailleurs dans le monde, c'est le contraire. « Cela s'explique par le fait que nos aînés sont plus heureux qu'ailleurs, plus près de leurs proches, dans une meilleure situation financière et jouent un rôle social plus important », pense M. Marchand.

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La semaine nationale de prévention du suicide commence le dimanche 3 février prochain. Si vous avez besoin d'aide ou êtes inquiet pour un proche, vous pouvez appeler jour et nuit (et gratuitement) au 1-866-APPELLE (277-3553).