Le plan de modernisation de l'Hôpital de Lachine, estimé à 66 millions, était loin d'être un vague projet non attaché au plan quinquennal d'immobilisations en santé des libéraux, comme l'a laissé entendre la semaine le ministère de la Santé et des Services sociaux.

Selon les informations obtenues par La Presse, non seulement il avait déjà obtenu l'aval du Conseil du Trésor en décembre 2009, mais il était aussi déjà inscrit dans les travaux d'Infrastructure Québec afin d'établir si la construction se ferait de façon traditionnelle ou en partenariat public-privé (PPP).

Dans les faits, le projet était tellement avancé que la direction du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) avait prévu déposer son plan final de redéploiement en janvier, afin d'entreprendre les discussions avec Infrastructure Québec.

De plus, la spécialisation en chirurgie bariatrique est à ce point inscrite dans la future vocation de l'établissement que des travaux de cinq millions ont déjà été amorcés cet automne à l'intérieur du bâtiment existant afin d'installer un appareil de résonance magnétique à ciel ouvert pour les patients souffrant d'obésité morbide.

Priorité

Dans une note non officielle envoyée à l'interne et dont La Presse a obtenu copie, le nouveau directeur général et chef de la direction du CUSM, Normand Rinfret, dénonce la décision du ministre Réjean Hébert de confier la gestion de l'hôpital au CSSS Dorval-Lachine-LaSalle.

Il explique qu'il fera tout en son pouvoir pour que l'hôpital demeure au sein du CUSM et il ne manque pas de remettre à l'ordre le ministre de la Santé en affirmant que contrairement à ce qu'il a déclaré jeudi, lors de son passage à Laval, l'hôpital a toujours été «une priorité» pour le CUSM.

«C'est un maillon essentiel de notre famille. Jusqu'à instructions contraires, nous continuerons de nous assurer que les patients et leur famille reçoivent les meilleurs soins, tout en travaillant main dans la main avec le personnel et les professionnels de l'Hôpital de Lachine à créer un environnement de travail stimulant», écrit M. Rinfret.

Le haut dirigeant ajoute qu'il espère obtenir le financement nécessaire pour maintenir ouverts les lits en gériatrie active au quatrième étage de l'établissement. «Dans le contexte actuel, je dois vous avouer que j'aurais souhaité que l'on concentre nos énergies à l'amélioration de notre performance et à la réduction du déficit plutôt que devoir composer avec un enjeu supplémentaire», mentionne-t-il enfin.

Rencontre d'urgence

Pendant ce temps, les représentants des médecins, dentistes et pharmaciens de l'hôpital (CMDP), avec à leur tête le Dr Paul Saba, ont eu une rencontre d'urgence, vendredi, afin de réaffirmer leur position par une résolution. Ils veulent demeurer à l'intérieur du CUSM, préserver le contrat de 66 millions convenu sous les libéraux et obtenir une gouvernance locale à l'instar de certains hôpitaux, comme l'Hôpital de Montréal pour enfants ou St. Mary.

Selon les médecins, cette décision du ministre d'accorder la gestion de l'hôpital au CSSS apparaît comme une tentative de transformer l'hôpital en simple établissement de consultation externe.

Depuis que La Presse a révélé, la semaine dernière, que faute d'argent une fermeture de lits s'amorçait à l'hôpital, les appuis ne cessent de se multiplier pour sauvegarder cet hôpital communautaire francophone centenaire.

Un comité de sauvegarde formé des maires de Lachine et de Dorval, avec l'appui du président de la Fondation de l'hôpital, Jacques Filion, doit tenir un point de presse aujourd'hui pour annoncer comment la communauté entend se mobiliser.

Le comité dénonce notamment l'absence de consultations de la part du gouvernement.