Pas de cadeaux aux sociétés pharmaceutiques, selon Pauline Marois. La richissime industrie, qui a sabré plus de 1400 postes dans les centres de recherche de la grande région de Montréal, perdra l'avantage que lui avait donné le gouvernement du Québec sous Lucien Bouchard. La protection de 15 ans sur les brevets pharmaceutiques sera en effet abolie, a appris La Presse.

Le ministre des Finances, Nicolas Marceau, l'annoncera demain dans son premier budget déposé en fin de journée à l'Assemblée nationale.

Le «budget de la tronçonneuse» multipliera par ailleurs les coupes dans les budgets des ministères. Dans l'ensemble, on visera une augmentation de 2% des dépenses pour 2013-2014. La culture conservera une croissance de 2%, malgré la sortie inquiète du ministre Maka Kotto; l'Éducation aura aussi une augmentation de 2%. Toutefois, pour donner les 5% de croissance nécessaires à la Santé, d'autres ministères ou organismes devront casquer. À la Sûreté du Québec, par exemple, les budgets devront être comprimés d'une vingtaine de millions.

La semaine dernière, le ministre de la Santé, Réjean Hébert, a indiqué qu'il prévoyait faire des économies de 125 millions cette année - il a 400 millions d'excédent de dépenses à résorber pour 2012-2013. Or, cette économie sur les médicaments sera récurrente. Cette disposition force Québec à payer le prix d'un médicament breveté pendant 15 ans, même si l'équivalent générique est offert sur le marché canadien. Ainsi, Québec paie le gros prix de trois à cinq ans de plus, a confié un dirigeant québécois d'une multinationale pharmaceutique.

La protection des brevets pharmaceutiques a été mise en place quand Bernard Landry était ministre de l'Économie, dans le gouvernement de Lucien Bouchard. La garantie de 15 ans visait à inciter les multinationales à installer des centres de recherche au Québec. Beaucoup sont d'ailleurs apparues dans la grande région de Montréal au cours des années qui ont suivi. Récemment, l'ancien premier ministre Landry a lui-même convenu qu'il était «temps de reconsidérer» cet avantage.

Des mises à pied massives

Depuis quelques années, beaucoup de ces centres de recherche ont été fermés et les emplois ont disparu. C'est une véritable hécatombe dans le secteur. Pfizer vient d'ailleurs de supprimer 300 postes supplémentaires à son usine de Saint-Laurent, déjà sabrée de 200 emplois.

L'ensemble des multinationales ont supprimé plus de 1400 emplois depuis 2006 dans la grande région de Montréal, en dépit du privilège accordé par le gouvernement.

La province accorde également pendant 15 ans l'exclusivité aux médicaments d'origine remboursés par l'assurance médicament. En 2005, la mesure rapportait environ 37 millions à l'État et lui en coûtait 25 millions, pour un avantage net de 12 millions, que retournait le ministère des Finances à la Santé. Depuis, le coût de la mesure a grimpé en flèche, pendant que les sociétés pharmaceutiques remerciaient des employés.

Le Québec pourrait maintenir une politique pour inciter les entreprises à installer leur siège social ici. Investissement Québec, qui deviendra la Banque de développement économique - une autre annonce du budget de demain -, pourrait prendre des participations plus importantes dans ces entreprises.

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1644 emplois perdus depuis 2006

2012

> Pfizer: 300

> Boehringer Ingelheim: 170

> Johnson&Johnson: 126

> AstraZeneca: 120

> Sanofi Aventis: 100

2011

> Theratechnologies: 40

> Labopharm: 61

> Pfizer: 150

2010

> Merck Frosst: 180

2007

> BMS Canada: 115

2006

> Hospira: 300