Pendant que les dépenses de santé au Canada diminuent pour la troisième année consécutive, les dépenses provenant du privé grimpent de façon constante. Et ce sont les ménages, donc les individus, qui sortent davantage d'argent de leur poche pour avoir accès à des soins ou à des services médicaux.

Selon un rapport rendu public aujourd'hui par l'Institut canadien d'information sur la santé (ICIS), qui décortique les investissements faits dans le secteur de la santé depuis 1975, les dépenses des gouvernements provinciaux et territoriaux n'ont jamais été aussi faibles depuis 1997. Il est question d'une hausse annuelle projetée d'à peine 3,1%. Malgré tout, la santé demeure le poste budgétaire le plus important.

Concrètement, le total des dépenses dans l'ensemble du Canada devrait s'élever à 207 milliards en 2012, soit environ 5948$ par habitant. Le Québec et la Colombie-Britannique sont les provinces qui investissement le moins par habitant, soit respectivement 3513$ et 3690$. L'Alberta injecte 4606$ par personne.

Quant aux dépenses provenant du privé, l'ICIS prévoit que 62,8 milliards seront dépensés en 2012, avec une croissance de 4,6%, comparativement à 60 milliards en 2011, et à 56,9 milliards en 2010. La plus forte proportion (14,5%) provient des ménages, c'est-à-dire des individus. Ces dépenses peuvent englober autant le paiement d'un stationnement à l'hôpital que des soins dentaires ou de la vue. L'autre proportion, soit 11,7%, provient des assurances privées, la plupart du temps pour des médicaments, et 3,3% provient d'autres sources, notamment de dons versés à des fondations d'hôpitaux.

Le vice-président aux Programmes de l'ICIS, Jean-Marie Berthelot, explique que le phénomène de baisse des dépenses de la part du public s'était déjà produit dans les années 90. «Historiquement lorsqu'on vit une récession, il y a par la suite un contrôle plus serré des dépenses, notamment pour réduire le déficit. Et les provinces ont tendance à mettre l'accent sur l'optimisation du système de santé. C'est le cas en Ontario pour les médicaments, mais aussi pour la rémunération des médecins, qu'on veut geler.»

Toutes provinces confondues, la plus forte proportion des dépenses en santé est toujours injectée dans les hôpitaux. Les médicaments arrivent en deuxième place, suivis de la rémunération des médecins. À ce chapitre, on constate que le Québec se démarque du reste du pays même si les médecins de la province demeurent moins payés, avec une hausse de 7,3% en 2012. Dans l'ensemble du Canada, on parle plutôt d'une augmentation de 3,6% pour atteindre 30 milliards, soit près de 14,4% des dépenses en santé au Canada.

Depuis 10 ans, les dépenses de santé ont doublé, passant de 100 milliards à plus de 200 milliards. La croissance démographique a ajouté en moyenne 1,1% aux dépenses publiques de santé. Le vieillissement de la population entraîne une hausse d'environ 1% par année, ce qui fait dire à l'Institut que les provinces doivent y voir.

«Contrairement à ce qu'on a pu dire, le vieillissement de la population ne va pas nous frapper comme un tsunami gris, estime M. Berthelot, de l'ICIS. Il faudrait plutôt parler d'un glacier massif qu'on peut voir venir, qu'on peut étudier.»