Alors que les rappels s'accumulent et que six nouveaux cas d'infection à la bactérie E. Coli ont été confirmés durant la fin de semaine, la grande usine d'abattage de XL Foods en Alberta veut rouvrir ses portes.

L'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA) a annoncé hier avoir reçu une demande écrite de la part de l'entreprise pour mettre fin à la suspension de son permis d'exploitation. L'usine a perdu le droit de produire du boeuf le 27 septembre à la suite d'une inspection des autorités fédérales.

«L'ACIA entamera une évaluation détaillée de l'établissement 38 de XL Foods le 9 octobre», a expliqué Martine Dubuc, chef de la salubrité des aliments du Canada. «Cette évaluation permettra de déterminer si l'établissement a corrigé les lacunes cernées pendant l'enquête approfondie.»

Toutefois, selon les fonctionnaires fédéraux, il est pratiquement impossible que du boeuf haché ou de bifteck puisse sortir de l'usine dès la fin de la journée d'aujourd'hui.

«On va prendre le temps nécessaire», a assuré Mme Dubuc. Elle a ajouté que la réouverture n'aurait lieu «que lorsque l'ACIA sera pleinement convaincue que l'établissement a mis en oeuvre des contrôles efficaces afin de gérer les risques à la salubrité».

De nombreux problèmes ont été détectés à la fin du mois de septembre lors de l'inspection par l'organisme fédéral: des structures qui laissaient s'échapper du désinfectant sur la viande, des nettoyages de réfrigérateurs trop peu fréquents et un thermomètre à viande qui ne fonctionnait pas adéquatement sont du nombre.

11 cas, dont 2 au Québec

Après l'Alberta et Terre-Neuve, le Québec est devenu samedi la troisième province touchée par des cas d'E. Coli liés à l'usine de XL Foods en Alberta.

Deux Québécois ont été infectés en septembre, mais leur cas a officiellement été lié à l'usine de XL Foods il y a trois jours seulement.

«Celles-ci [Les personnes atteintes] n'ont pas été hospitalisées et sont complètement rétablies. Ces deux cas font partie des dix cas déclarés au Canada jusqu'à ce jour», a expliqué samedi le gouvernement du Québec dans un communiqué. Aucun ministre n'a voulu commenter le dossier hier.

Le même jour, les autorités fédérales ont rapporté qu'une 11e infection à la bactérie E. Coli avait été formellement liée aux produits de XL Foods. La victime est en Colombie-Britannique.

Des bouchers rassurants

La plus grande opération de rappel de viande de l'histoire canadienne n'inquiète pas outre mesure les bouchers montréalais joints la fin de semaine dernière par La Presse.

Leur approvisionnement peut être assuré par d'autres installations dans les provinces de l'Ouest et dans le nord des États-Unis, assurent-ils. Ce sont plutôt les inquiétudes des clients qui leur causent des soucis.

«Avec la façon dont on en parle à la télé, c'est sûr qu'ils posent des questions», a affirmé Frédéric Boileau, patron de la boucherie Champfleuri, avenue du Mont-Royal. Le commerçant assure qu'il ne s'approvisionnait même pas chez XL Foods. «Je pense que si les gens ne nous font pas confiance, ils n'en achèteront pas.»

D'autres recevaient effectivement de la viande de XL Foods, mais se sont assurés qu'elle ne se retrouverait pas dans l'assiette de leurs clients.

«On a vérifié ce qu'on a reçu comme lot», a expliqué Donald Audet, de La maison du rôti, qui s'approvisionnait en partie chez XL. «Les lots qu'on avait ne sont pas touchés par le rappel. Ce n'est pas notre unique fournisseur non plus.»

Parmi les grandes chaînes, on a aussi fait appel à d'autres sources d'approvisionnement.

Les marchands IGA, par exemple, sont alimentés par le géant Sobeys, leur entreprise mère.

«Les produits XL qu'ils avaient, je pense qu'ils les ont tout simplement jetés», a indiqué Louis-Vincent Fournier, boucher au marché IGA Barcelo, dans La Petite-Patrie. Les stocks qu'il reçoit proviennent d'ailleurs.