Lorsque La Presse l'a mise au courant de son enquête, Nicole Ouellet a d'abord ricané au bout du fil. Dans un courriel, elle nous a ensuite remerciée de lui faire de la publicité et a affirmé qu'elle quittait le Canada pour se marier.

Jadis, l'ex-infirmière vendait des fioles à ses clients. Cette fois, elle a plutôt exigé 260$ pour nous remettre un diapason et une liste de mots. Pourquoi agir ainsi alors que le Collège des médecins l'a déjà punie quatre fois? «J'ai trouvé une méthode où je ne rencontre pas les gens. Ce sont eux qui se donnent les soins», répond-elle.

La sexagénaire de Sherbrooke soutient que ses anciens clients l'inondaient d'appels et qu'on ne peut lui interdire de travailler. «Moi, mes preuves sont faites, je suis au-dessus de ça, dit-elle. [...] Mozart s'est mis au piano à 4 ans pour écrire une sonate. Moi, à 4 ans, je soignais mes voisins.»

Ouellet a bien admis qu'un enfant atteint de polypose risque le cancer, mais maintient qu'elle peut l'éviter. Devant notre scepticisme, elle a conclu la conversation en disant: «Vous allez en subir les conséquences.»

À Boisbriand, le vendeur de «guérison reconnective» Sylvain Champagne était très inquiet. L'ex-ingénieur dit qu'il ne propose pas aux gens de les guérir, mais plutôt, de retrouver l'harmonie (ou encore, qu'il «les inspire à aller voir un médecin particulier»).

Il ajoute pourtant: «Guérir une coupure au doigt n'est pas vraiment plus difficile que de guérir le cancer. Peu importe la maladie, je connais des gens qui s'en sont sortis totalement.» Pour nous convaincre, il brandit un livre plein de tableaux, en disant qu'ils prouvent scientifiquement ses dires.

Le mot guérison n'est «vraiment pas approprié par rapport à ce qu'on fait», dit-il malgré tout. Mais il ajoute: «C'est plate qu'ici et ailleurs on ne soit pas libres de l'utiliser.» Pour lui, c'est dû au fait que «la médecine alternative ne fait pas l'affaire du gouvernement et du Collège des médecins».

Fraîchement rentré d'un salon à Lévis, Champagne s'est montré convaincu que le simple fait d'être en sa présence avait des vertus. «Une personne avait un problème de surdité, semble-t-il maintenant qu'elle n'a plus besoin de son appareil», dit-il.