Avant le déclenchement des élections, le ministre de la Santé, Yves Bolduc, planchait sur un programme universel de remboursement des échographies réalisées dans des cliniques privées, mais il est faux de prétendre que ce programme était prêt à être lancé officiellement. Des ficelles restaient à attacher, affirme la direction du ministère de la Santé, de même que le président de l'Association des radiologistes du Québec (ARQ), le Dr Frédéric Desjardins, qui est au coeur des négociations.

«C'est le Dr Yves Bolduc qui a raison dans ce dossier, a affirmé le Dr Desjardins, mardi, à La Presse. Les discussions ont commencé en février. Ce genre de programme a toujours l'air facile à lancer de l'extérieur, mais ça ne se règle pas en six mois. Il y a des étapes à franchir. Je peux comprendre que, d'un point de vue électoral, ce soit intéressant, mais il aurait été prématuré pour le Dr Bolduc de l'annoncer.»

Lors d'un entretien avec Le Devoir, le Dr Gaétan Barrette, qui a négocié à ce sujet avec le gouvernement pour le compte de la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) avant de se porter candidat pour la Coalition avenir Québec (CAQ), a soutenu que l'entente était prête à être dévoilée publiquement en juillet, mais que le Dr Yves Bolduc avait refusé de le faire. Il a ajouté que si la CAQ était portée au pouvoir, le remboursement des échographies deviendrait réalité en quelques semaines.

Le programme, s'il voit le jour, ferait en sorte que la Régie de l'assurance maladie du Québec (RAMQ) rembourserait certains spécialistes pour les échographies de dépistage du cancer, de grossesse, ou encore pour des examens diagnostiques divers. Il vise à éliminer les listes d'attente, point central des enjeux en santé dans l'actuelle campagne électorale. Sans nier l'information, le Dr Bolduc a précisé que s'il avait été en mesure de signer l'entente en juin, il l'aurait fait.

Rien sur la table

Nathalie Lévesque, porte-parole du ministère de la Santé, a confirmé mardi à La Presse qu'aucune proposition finale n'était sur la table. Le Ministère a expliqué qu'un mandat avait été confié en février 2012 à la firme Grant Thornton/Raymond Chabot afin de réaliser une étude de faisabilité. Du même souffle, l'ARQ a elle aussi commandé sa propre étude, a-t-on ajouté.

«Les conclusions ont été présentées en juin dernier à la FMSQ, explique Nathalie Lévesque. La FMSQ les a commentées verbalement, et il y avait des points de désaccord en ce qui concerne la provenance du financement, la désignation des spécialistes [radiologistes, cardiologues, gynécologues, etc.], de même qu'au sujet de certains types d'échographies. Durant cette même période, la FMSQ a ajouté que l'Association des radiologistes devrait poursuivre sa réflexion.»

Selon le Dr Frédéric Desjardins, président de l'ARQ, il est par ailleurs «simpliste» de croire que le remboursement des échographies supprimerait les listes d'attente. «On nous prend pour des valises en disant que ça va régler le problème d'accès, dit le Dr Desjardins. C'est malhonnête. On n'a pas besoin de regarder loin, par exemple dans les chirurgies d'un jour, pour comprendre que le remboursement au privé ne règle pas tout. C'est une question très complexe, et il faut se poser des questions parce que ça va coûter des millions sans réelles garanties de résultat.»

Dans les coulisses de la santé, plusieurs intervenants parlent d'une somme de 16 millions pour démarrer le programme. Mais si le gouvernement n'impose pas de plafond aux remboursements, cette somme pourrait gonfler, à l'instar des dizaines de millions investis pour assurer la gratuité de la procréation assistée.