Le coroner chargé de faire la lumière sur le suicide d'un patient qui s'est jeté du 9e étage de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont, dimanche, estime qu'un problème de communication entre l'établissement et l'hôpital Louis-H. Lafontaine, d'où la victime avait été transférée quelques jours plus tôt, pourrait être à l'origine du drame.

Vendredi, un patient de 50 ans de l'hôpital Louis-H. Lafontaine, qui traite presque exclusivement les problèmes de santé mentale, a été transféré à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont pour soigner un problème d'hypertension. Dimanche, vers 7h, il s'est jeté d'une fenêtre du salon des visiteurs de l'aile de gastroentérologie pour terminer sa chute sur le toit du 2e étage. Malgré l'intervention rapide du personnel médical, il a succombé à ses blessures.

Le coroner Paul Dionne, responsable de l'enquête sur les causes et circonstances de la mort, a confirmé hier soir à La Presse que le patient souffrait de problèmes importants de santé mentale, mais qu'il a été admis à Maisonneuve-Rosemont pour une raison purement médicale. «Il semble y avoir eu un manque de communication des informations du dossier quand il a quitté Louis-H. Lafontaine et quand il est arrivé à Maisonneuve-Rosemont.»

«Dans un monde idéal, poursuit M. Dionne, il y a une communication très active, écrite ou orale, entre le médecin qui transfère le patient et celui qui le reçoit, pour que toutes les mesures de sécurité soient activées, si nécessaire.»

Lorsqu'une enquête sur une mort est confiée à un coroner, ce dernier peut faire, s'il y a lieu, des recommandations pour éviter qu'un drame similaire ne se reproduise. Le coroner Paul Dionne a confirmé hier que son rapport en contiendrait. Sa publication révélera s'il est nécessaire de mettre en place des mécanismes plus rigoureux pour assurer le suivi psychiatrique d'un établissement à l'autre.

L'hôpital Maisonneuve-Rosemont a par ailleurs ouvert une enquête interne sur le suicide. Hier, des enquêteurs du Service de police de la Ville de Montréal ont également interrogé les témoins de l'accident, qui a jeté une onde de choc parmi le personnel.

Plusieurs questions relatives à la sécurité dans les hôpitaux ont été soulevées à la suite de ce suicide. Il s'agissait du deuxième événement du genre à survenir en moins d'un an dans ce centre hospitalier, et ce, même si l'hôpital avait installé des verrous à toutes les fenêtres des chambres de patients après le premier événement.

À la fin du mois de juin, un autre cas a fait les manchettes: un homme de 40 ans admis à l'hôpital St. Mary's pour une dépression s'est jeté d'un viaduc, vraisemblablement après s'être évadé.

Le Bureau du coroner du Québec a recensé 38 suicides dans les hôpitaux du Québec entre 2005 et 2009 (voir tableau). Ces statistiques n'incluent pas les événements survenus dans d'autres types de ressources, comme les centres d'hébergement et de soins de longue durée (CHSLD), les centres de réadaptation ou les ressources intermédiaires.

Paul Brunet, président du Conseil de la protection des malades, est préoccupé par les suicides des dernières semaines, mais croit qu'il est impossible de les prévenir en totalité. «On ne peut pas transformer tous nos établissements en bunkers antisuicides ou en milieu carcéral.» Il pense toutefois qu'un suivi très serré doit être assuré lorsque le dossier médical du patient fait état d'un historique de maladie mentale.

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Nombre de suicides dans les hôpitaux du Québec

2005 (7)

2006 (11)

2007 (9)

2008 (6)

2009 (5)

Total: 38

Source: Bureau du coroner du Québec