Gestion déficiente des services aux aînés et laisser-aller dans l'application de la réglementation: le dernier rapport du Vérificateur général, déposé ce matin à l'Assemblée nationale, met en lumière un lot de lacunes administratives au gouvernement du Québec.

Québec injecte près de 3 milliards par année dans sa politique d'hébergement pour les personnes aînées. Or le ministère de la Santé, n'a pas d'informations à jour sur la clientèle hébergée -en CHSLD, le quart des évaluations remonte à plus de 5 ans.

Le Vérificateur constate une large disparité dans l'utilisation des outils d'évaluation, de moins de 1 % à Montréal comparativement à 83 % à Québec.

Les ressources ne correspondent pas aux besoins, 38 % des personnes sont en attente d'une place avec plus de soins à Montréal, 48 % sont dans la même situation à Québec.

Le vérificateur constate aussi que les mesures de contrôle de la qualité des soins présentent des lacunes. Seulement 10 % des installations sont visitées par année, observe-t-on.

Le vérificateur déplore «le retard des mesures prévues dans les orientations» du ministère de la Santé, certaines prévues depuis sept ans tardent à s'implanter. On observe aussi des problèmes sur l'information, les établissements n'ont pas le portrait à jour des personnes âgées qu'ils hébergent. Le rapport soulève aussi des problèmes quant à l'utilisation «inadéquate» des ressources d'hébergement existantes, pourtant rares. Des disparités dans la dispensation des soins sont inexpliquées. L'attribution des contrats aux promoteurs privés ne respecte pas toujours les règlements. Finalement, le financement ne tient pas compte des besoins des clientèles et des services qu'elles attendent.

Le mode d'évaluation du niveau des contributions des usagers des centres de soins de longue durée n'a pas été revu depuis 15 ans, on ne calcule pas les frais de gîte et de couvert. La méthode de calcul crée des iniquités entre les bénéficiaires, résume le vérificateur par intérim, Michel Samson.

Réaction

À l'Assemblée nationale, la chef péquiste Pauline Marois a relevé que le constat du Vérificateur démontrait que  4300 aînés étaient toujours en attente d'une place. Pour le ministre Yves Bolduc, il s'agit plutôt de bénéficiaires qui attendent une place dans l'établissement de leur «premier choix». Il convient rapidement toutefois, il est clair que Québec devra créer plus de ressources intermédiaires. «On réinjecte l'argent dans les soins à domicile et dans les ressources intermédiaires. Actuellement il y a des patients qui occupent des places dans des hôpitaux de longue durée, et qui devraient être dans des ressources intermédiaires» dira le ministre Bolduc. Pour lui les gens préfèrent de beaucoup rester le plus longtemps possible à leur résidence, la multiplication des places en soins de longue durée ne répond pas aux attentes, selon lui.