Le comité québécois qui a étudié les problèmes de ruptures de stocks de médicaments formule plusieurs recommandations pour tenter d'éviter que de telles situations se reproduisent, notamment le fait de prévoir des pénalités aux contrats des entreprises pharmaceutiques.

Ce comité, mis sur pied par l'Ordre des pharmaciens du Québec, formule neuf recommandations s'adressant tant au gouvernement du Canada qu'à celui du Québec, aux entreprises pharmaceutiques et aux pharmaciens eux-mêmes.

Entre autres recommandations, il propose que les contrats d'achats et les ententes de remboursement de médicaments prévoient des incitatifs à l'approvisionnement continu, mais aussi des pénalités en cas de rupture d'approvisionnement.

«Les médicaments dont on parle qui sont en rupture, ce ne sont pas des médicaments de confort - on ne manque pas de Viagra, on manque de médicaments pour traiter le cancer, d'antibiotiques essentiels», a plaidé la présidente de l'Ordre des pharmaciens du Québec, Diane Lamarre, au cours d'une rencontre avec la presse pour présenter le rapport.

De son côté, le président de l'Association des pharmaciens des établissements de santé du Québec, Charles Fortier, donne une idée des stratégies exceptionnelles que ces professionnels doivent déployer pour parvenir à pallier le problème de pénurie de certains médicaments.

«Nous devons aujourd'hui fabriquer des doses maison à partir de formulations plus concentrées; récupérer aux unités de soins toute quantité, même petite, de médicaments pour préparer quelques doses additionnelles pour d'autres patients; se résoudre à utiliser des substituts, parfois avec des effets secondaires plus marqués ou des interactions plus problématiques; fabriquer nous-mêmes des médicaments», rapporte-t-il.

Le comité propose aussi d'adopter une loi ou un règlement qui forcerait les entreprises pharmaceutiques à donner un préavis d'un an si elles prévoient faire un arrêt de production.

Il recommande également que Santé Canada revoie certaines pratiques, comme diminuer les délais de réponse lorsqu'une entreprise pharmaceutique veut changer de fournisseur de matière première. À l'heure actuelle, ces délais sont de huit à 12 mois, a rapporté Mme Lamarre.

Le comité a déjà fait part de ses recommandations au gouvernement fédéral lorsqu'il a comparu en commission parlementaire à Ottawa. Il a aussi reçu l'approbation des autres ordres de pharmaciens du pays.

Il espère que Québec adoptera les recommandations qui s'adressent à lui, notamment celle de créer une entité qui coordonnerait la gestion des ruptures d'approvisionnement.

«On ne veut pas que ça reste un rapport», a plaidé Mme Lamarre.

Médecins

Le Collège des médecins du Québec, lui, croit que le temps presse. «Depuis 2006, on peut constater une augmentation fulgurante des pénuries de médicaments. Ce nombre de médicaments a même quadruplé entre 2006 et 2010. Il est aussi de plus en plus fréquent d'observer qu'en plus du médicament en rupture, le médicament de remplacement est aussi en rupture. Ça va mal», a conclu le président-directeur général du Collège, le Dr Charles Bernard.

«Récemment, cette crise a pris une ampleur intolérable, avec la pénurie de certains produits injectables, produits par un fournisseur officiel unique. Nous avons frôlé la catastrophe dans certains milieux hospitaliers. Il est impératif de réagir et, surtout, de proposer des solutions pour éviter que des situations similaires nous frappent encore sans préavis», a-t-il lancé.