Le ministre de la Santé, Yves Bolduc, a écouté et entendu les hauts dirigeants des hôpitaux et établissements de santé du Québec. Le gouvernement a annoncé son intention d'aller vers un modèle de «financement à l'activité» en santé, comme c'est déjà le cas en France et en Grande-Bretagne.

Loin d'être un projet vague, le gouvernement du Québec a prévu dans son budget dévoilé aujourd'hui l'implantation graduelle de cette réforme dès le printemps 2013, donc dans un an, avec des expériences pilotes. Afin d'y parvenir, un groupe d'experts a même déjà été chargé d'évaluer les différents modèles, avec à sa tête Mme Wendy Thomson, une experte et professeure de l'Université McGill, dont les travaux sont reconnus en Grande-Bretagne.  

«On amorce un changement de culture important, a expliqué la ministre Michelle Courchesne, responsable de l'administration et présidente du Conseil du trésor, au cours d'un point de presse. Ce n'est pas banal comme changement. On va aussi se demander comment on doit rémunérer nos médecins de famille et nos spécialistes. À l'heure actuelle, il y a un écart salarial important entre eux, et on pourrait parvenir à une réconciliation.»

Au chapitre du financement en santé, les hôpitaux et établissements publics comme les centres d'hébergement continuent de représenter le plus important poste de dépenses en santé, avec une somme atteignant 17 milliards en 2012-2013, pour un budget totalisant 30,121 milliards.  Le taux annuel de croissance en santé est de 4,7% dans ce budget, mais en calculant la moyenne des dernières années, le gouvernement parvient à le maintenir à 5%. À cela, il faut ajouter la contribution santé qui atteint maintenant un peu plus d'un milliard.

La dirigeante de l'Association québécoise d'établissements de santé et des services sociaux (Aqesss), Lise Denis, qui avait demandé qu'on adopte ce modèle de financement, ne croit pas que le nouveau mode de financement va générer des économies importantes, mais elle estime qu'il permettra un meilleur contrôle des coûts. «Il faut s'assurer que l'argent suive le patient, a-t-elle illustré. On peut se demander, pour exemple, si une opération à la hanche coûte le même prix à Gaspé qu'à Montréal. Si la réponse est non, on pourra se demander pourquoi, et tenir compte des missions universitaires de certains établissements.»

Soins à domicile

Avec les premiers baby-boomers qui ont célébré leur 65e anniversaire l'an dernier, le gouvernement donne aussi suite à son plan d'action «Vieillir en santé». Dans le cadre de ce plan, le gouvernement prévoit des investissements additionnels de 727 millions dans des services de santé mieux adaptés aux ainés d'ici 2017.

Cet argent comprend la bonification des services à domicile pour plus de 50 000 ainés, 4800 places dans les ressources intermédiaires. Le gouvernement espère aussi créer 800 places dans les unités transitoires (réadaptation) pour les ainés, de même que 850 places en hébergement pour les personnes âgées aux prises avec des incapacités sévères.  

Dans la foulée de ses prévisions pour le maintien à domicile, le budget prévoit enfin des crédits d'impôt bonifiés pour le maintien à domicile, notamment à l'achat de chaises adaptées, de baignoires plain-pied ou des systèmes de télésurveillance. Environ 222 000 ainés seraient admissibles à ces crédits.

«Il y a 25 ans, on gardait nos parents à la maison. Mais ça ne fonctionne plus comme ça aujourd'hui. Il faut donc adapter nos services», a indiqué le ministre Raymond Bachand, lorsqu'interrogé par les médias.

Tant le Parti Québécois, que Québec Solidaire et la Coalition Avenir Québec (CAQ), ont réagi froidement aux mesures annoncées en santé, en se demandant ce que le gouvernement entend faire pour garantir l'accès à un médecin de famille à tous les Québécois.

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Où va votre contribution santé de 200$

Services de première ligne

- Plan d'investissement pour les personnes âgées : 173 millions

- Inspection des centres d'hébergements publics et résidences privées pour ainés : 4 millions, comparativement à 0 en 2011-2012

- Plan d'accès en déficience intellectuelle et physique : 35 millions

- Groupes de médecine familiale (GMF) : 120 millions

- Infirmières praticiennes spécialisées : 22 millions, (4 millions de plus qu'en 2011-2012)

Accès aux services de santé et accroissement des volumes

- Accès à la chirurgie (augmentation du volume) : 200 millions, soir le plus gros morceau de la contribution santé

- Soins oncologiques : 141 millions

- Dialyse : 160 millions

- Fonctionnement des nouvelles installations : 75 millions

- Autres (procréation assistée, programme de dépistage du cancer colorectal, etc) : 60 millions

Et le fameux projet Lean (méthode Toyota) incluant le soutien à l'optimisation : 15 millions en 2012-2013, comparativement 4 millions, en 2011-2012

Total : 1,005 milliard, soit une augmentation de 390 millions par rapport au 615 millions prévus en 2011-2012