Le dépistage du cancer du côlon est de plus en plus répandu dans la population. La moitié des Canadiens âgés de 50 à 74 ans qui ont répondu à un sondage pour le compte du Réseau national de dépistage du cancer colorectal (50%), dont les résultats viennent d'être dévoilés, ont affirmé avoir déjà passé ce type de test. C'est 14% de plus qu'il y a trois ans, alors qu'on avait posé la même question à des milliers de répondants.

Au Québec, le dépistage du cancer colorectal est également répandu, mais beaucoup moins, démontre aussi le sondage, qui sort à la veille de la Journée canadienne contre le cancer. À peine une personne sur trois, donc 33% des gens sondés par la firme Ipsos Reid, a affirmé avoir passé un test de dépistage du cancer du côlon. Et fait inquiétant,souligne le vice-président de l'Association des gastroentérologues du Québec, le Dr Pierre Hallé, 61% des Québécois estiment qu'il faut ressentir des symptômes pour passer un test de dépistage. «Ce qui est totalement faux», rappelle-t-il.

Le Réseau n'a pas demandé aux gens s'ils sont d'accord avec la mise en place d'un programme de dépistage universel du cancer du côlon, un peu à l'image de celui sur le cancer du sein, mais il est clair que le Québec est en retard sur les autres provinces, qui ont pour la plupart déjà instauré ce type de programme. Au Québec, le ministre de la Santé, Yves Bolduc, en a annoncé l'implantation en novembre 2010 et près d'un an et demi plus tard, le projet en est toujours à la phase 1. Et il faudra attendre au moins jusqu'en 2014 avant qu'il soit offert à l'ensemble de la population.

Au ministère de la Santé, on insiste pour dire qu'il n'y a pas de retard dans l'établissement du programme. Pour le moment, on s'affaire à s'assurer que les établissements de santé pourront gérer un flot accru de demandes de coloscopie - qu'on estime à 50 000 examens supplémentaires - et à livrer des résultats d'analyses de grande qualité. «À l'heure actuelle, il se fait environ 80 000 coloscopies par année dans la province. De ce nombre, de 20 à 30% ne sont pas effectuées dans des délais appropriés à cause des listes d'attente», affirme le Dr Hallé.

En contrepartie, un comité chargé d'élaborer le programme de dépistage, auquel siège le Dr Hallé, estime que sur les 50 000 coloscopies supplémentaires, 36 000 ne seraient pas nécessaires et pourraient être évitées par un test de dépistage de sang occulte dans les selles. Donc, si l'on exclut ces 36 000 coloscopies évitables, «ça veut dire que le réseau doit mettre en place le personnel et les ressources pour procéder à 15 000 coloscopies de plus par année. Il faut aussi noter que sur les 50 000 coloscopies supplémentaires, on pense qu'on va détecter 6000 cancers. Avec les traitements pour enlever les polypes, on va prévenir la formation de cancer avancé. À long terme, on va réduire la mortalité de 20 à 30%.»

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Le test de dépistage

Le gouvernement du Québec estime que l'implantation d'un programme de dépistage du cancer du côlon pour les gens de 50 à 74 ans nécessitera 2,7 millions de dollars. Le programme consistera à offrir tout d'abord un test de dépistage de sang occulte dans les selles, qui pourrait conduire à une coloscopie par la suite. Cet examen permet d'explorer complètement le rectum et le côlon. Lorsque des polypes ou des anomalies sont détectés, on pratique une biopsie afin de déterminer la présence de cellules cancéreuses. Ces tests sont offerts sous sédation, donc la plupart du temps dans des hôpitaux. Le cancer du côlon est la deuxième cause de mortalité attribuable au cancer au Canada, tant chez les hommes que chez les femmes. Selon les données, 22 000 personnes ont reçu un diagnostic de cancer du côlon au pays et 8900 y ont succombé en 2011.

Source: Partenariat canadien pour le cancer.