Une magnifique résidence pouvant accueillir 50 personnes âgées en lourde perte d'autonomie et qui permettrait de désengorger une partie des hôpitaux du centre-ville est ignorée par l'agence de la santé et des services sociaux de Montréal. Le propriétaire, André J. Saindon, tente depuis plusieurs mois de faire de son établissement une ressource intermédiaire pour aînés ou d'ouvrir des lits de débordement. Mais alors que le ministre de la Santé, Yves Bolduc, a promis d'ouvrir plusieurs établissements du genre dans la métropole au cours de la prochaine année, l'agence de Montréal boude ce projet.

M. Saindon était déjà propriétaire d'une résidence privée pour aînés située avenue Papineau au centre-ville de Montréal depuis quelques années. L'établissement, qui est certifié, accueille près de 100 personnes âgées en perte d'autonomie modérée. Fier de cette expérience, M. Saindon a acheté un couvent situé à l'intersection de la rue Rachel Est et de l'avenue de Lorimier en 2008 dans le but de lancer une deuxième résidence.

«En cours de route, j'ai décidé d'accueillir des aînés en perte d'autonomie moyenne à lourde. On dit tout le temps que les hôpitaux débordent et qu'on a besoin de ressources intermédiaires et de lits de débordement. J'ai voulu contribuer. J'ai construit la résidence en respectant les critères de ce genre d'établissements», explique M. Saindon.

Les chambres de la Maison urbaine Rachel sont toutes très lumineuses et possèdent une salle de bains complète. Dans la cour, une immense terrasse est en voie d'être construite. «Tous ces aînés qui attendent dans les hôpitaux seraient bien mieux ici, note M. Saindon. Ça coûte environ 1800$ par jour pour les garder à l'hôpital contre 100 ou 110$ en ressource intermédiaire. Mais on dirait que rien n'avance de ce côté.»

Au centre de santé et de services sociaux (CSSS) Jeanne-Mance, qui s'occupe du territoire où est située la Maison urbaine Rachel, on explique que la décision d'ouvrir ou non des ressources intermédiaires revient à l'agence de la santé de Montréal. «Quand on a l'autorisation de l'Agence, on fait un appel de projets ouvert à tout promoteur intéressé», explique la responsable des communications du CSSS, Martine Dubois.

Besoins importants

À l'agence de la santé de Montréal, on affirme que «c'est le prochain plan d'action pour les personnes en perte d'autonomie liée au vieillissement qui déterminera si d'autres ressources intermédiaires seront développées à Montréal». Le dernier plan prévoyait le développement de 1325 places en ressources intermédiaires d'ici 2013. Les projets ont tous été attribués.

Mais selon M. Saindon, les besoins actuels sont encore grands. La preuve: le Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) et l'hôpital Maisonneuve-Rosemont (HMR) sont toujours aux prises avec des aînés en attente d'hébergement qui occupent pendant des jours des lits de soins aigus. À la mi-janvier, le CHUM comptait effectivement 38 de ces patients alors que l'HMR en comptait 16. Ces lits occupés créent de nombreux problèmes, dont des débordements aux urgences et des retards dans les chirurgies.

«Je pourrais prendre ces patients dès la semaine prochaine! Je ne comprends pas ce qu'on attend. C'est frustrant. Je suis un promoteur, mais aussi un contribuable qui voit les attentes dans les hôpitaux et qui voit qu'on ne fait rien pour régler le problème, déplore M. Saindon. Mon projet est de grande qualité. Je peux bien ouvrir une autre résidence privée. Mais les besoins sont là dans le réseau. Je ne comprends pas.»