Le nombre d'infirmières augmente à un rythme deux fois plus rapide que la population canadienne. En un an à peine, la main-d'oeuvre en soins infirmiers a augmenté de 2% pendant que la population a augmenté de 1,1%. Et cette augmentation à la vitesse grand V s'applique aussi au Québec, démontre un rapport de l'Institut canadien d'information sur la santé (ICIS), dont les données sont publiées aujourd'hui.

En 2010, le pays comptait 354 910 infirmières. C'est un ratio de 9,4 pour 1000 habitants, ce qui place le Canada parmi les pays les mieux pourvus en infirmières. La même année, au Québec, il y avait 66 333 infirmières, dont 38 000, soit un peu plus de la moitié, pratiquaient à temps plein. C'est nettement moins qu'en Ontario, où il y avait 95 185 infirmières, dont 62 602 à temps plein.

Superinfirmière, la tendance

Le rapport détaillé de l'ICIS, qui fait 180 pages, démontre aussi que les infirmières travaillent largement dans les hôpitaux, souvent dans des services de première ligne. À cet égard, le nombre d'infirmières qui travaillent aux urgences a crû de 15% entre 2006 et 2010, pour un total de 17 645. Les soins à domicile, dont la demande va pourtant en augmentant, a connu un recul de 0,7% entre 2009 et 2010; on n'y compte que 7362 infirmières. Les postes en santé du travail ont aussi connu une diminution (5,2%), avec seulement 2746 infirmières dans l'ensemble du Canada.

Les chiffres confirment aussi que la tendance est aux «superinfirmières», titulaires d'un baccalauréat ou d'une maîtrise. C'est en Ontario qu'il y en a le plus (1482). Le Québec n'en compte que 64, mais c'est tout de même une augmentation de 68% depuis 2009. L'Alberta en comptait 263.

À l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ), le chef du service des effectifs, Daniel Marleau, fait remarquer que la province compte maintenant 132 infirmières dites «praticiennes». «Elles travaillent cependant en majorité en soins de première ligne, précise M. Marleau. On attend la création de postes dans trois spécialités: néonatalogie, cardiologie et néphrologie.»

Problème d'organisation

Dans un contexte où les infirmières se disent débordées et épuisées, ces données démontrent aussi qu'il faut regarder l'organisation des services dans les établissements de santé, estime Claude Lemay, porte-parole à l'ICIS.

Régine Laurent, présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), estime qu'il y aura un problème dans le réseau tant qu'on n'améliorera pas les conditions de travail des infirmières.

«Ce n'est pas normal que moins de 50% de nos infirmières occupent un poste à temps plein. C'est souvent à cause des heures supplémentaires. Pour cette raison, on avait proposé la semaine de quatre jours dans la dernière convention. Mais notre idée n'a pas été retenue.»

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Un métier en demande croissante

> De 1980 à 1993: la croissance annuelle moyenne de la main-d'oeuvre a été d'environ 3,3% durant cette période. En 1980, on comptait environ 150 000 infirmières au pays.

> De 1993 à 2002: la croissance a plafonné en raison d'une période de réductions budgétaires des dépenses dans la santé. Il est question d'une baisse de l'ordre de 0,2%.

> De 2002 à 2010: le taux de croissance moyen a été de 1,9%, pour atteindre le nombre

de 241 415 infirmières, en 2003.

C'est largement attribuable au retour à des investissements en santé. Toutefois, le ratio record du début des années 90 (824 infirmières pour 100 000 habitants) demeure inégalé.

Source: ICIS