L'homme de 32 ans qui est mort dimanche au marathon de Montréal était un athlète. Un peu plus tôt cette année, il avait parcouru un demi-marathon en moins de 1h30. Un tel temps l'aurait placé dans les 90 premiers au fil d'arrivée, dimanche. Ce décès d'un sportif de haut niveau rappelle que la course intense n'est pas sans danger. Mais que les adeptes se rassurent: différentes études évaluent que moins de 1 coureur sur 100 000 perd la vie durant un marathon.

En 2007, des chercheurs canadiens ont même démontré qu'un humain a deux fois plus de risques de mourir en franchissant la distance d'un marathon (42 km) en voiture qu'en courant.

Malgré tout, chaque année dans le monde, une poignée de personnes meurent en participant à des marathons. En 2007, Ryan Shay, coureur professionnel de 28 ans, a succombé à une crise cardiaque en participant à des qualifications pour les Jeux olympiques, à New York. L'Américain Chad Schieber, 35 ans, est mort en septembre 2007 au marathon de Chicago, dont on a ensuite changé le parcours. Finalement, en octobre 2009, trois coureurs sont morts durant le marathon de Detroit, dont deux qui avaient moins de 40 ans.

Dans les derniers kilomètres

Porte-parole de la Fédération des kinésiologues du Québec, Paul Boisvert souligne que les morts qui surviennent dans le cadre de courses de longue distance se produisent souvent dans les derniers kilomètres, et qu'elles sont d'autant plus choquantes que les victimes sont généralement jeunes et en forme, à l'instar de l'homme qui est mort dimanche. «Mais il faut relativiser. À Montréal, on peut estimer qu'il y a eu 1 décès sur au moins 150 000 participations au marathon. Quand on compare au fait qu'il peut y avoir 11 morts dans des accidents de la route en un seul week-end, ce n'est pas un très grand risque», dit-il.

Pour l'instant, peu de détails ont circulé sur les circonstances de la mort du coureur de 32 ans, survenue à la fin de son parcours de 21 kilomètres à Montréal. Était-il déshydraté? Souffrait-il d'un problème cardiaque? Chef de division chez Urgences-santé, Bob Lamle explique que quand les ambulanciers sont arrivés aux côtés de la victime, elle était en arrêt cardiaque. «Souvent, c'est lié à un problème de coeur. Mais ici, on ne peut vraiment pas dire si c'est ça qui était en cause ou non», indique M. Lamle.

Professeur de pharmacie à l'Université de Montréal, le Dr Jacques Turgeon a déjà démontré que chez les gens de 25 à 35 ans, la principale cause d'infarctus est un facteur génétique inconnu. «Les gens ne savent pas qu'ils ont un problème. Après un effort physique intense, leur condition peut ressortir et causer un infarctus», dit-il.

Gérer sa course

Au cours des dernières années, la course a gagné en popularité au Québec. Au seul marathon de Montréal, le nombre de participants est passé de 2400 en 2003 à 24 000 aujourd'hui. Paul Boisvert souligne que l'incident d'hier vient rappeler aux amateurs l'importance de bien gérer sa course.

Première recommandation: boire un peu toutes les 15 minutes. «Il ne faut pas attendre d'avoir soif. Parce qu'à ce moment-là, il est trop tard», note M. Boisvert.

L'hydratation doit être ajustée en fonction des conditions météorologiques. «On doit considérer la température, mais aussi l'humidité, qui est l'un des facteurs les plus "mélangeants", explique M. Boisvert. Quand c'est très humide, on a de la difficulté à faire évaporer la sueur. On se refroidit moins bien.»

Pour s'assurer de toujours avoir suffisamment d'électrolytes et de glucides dans le sang, il est suggéré de boire des boissons de type Gatorade. «Mais surtout, avant de courir un marathon ou un demi-marathon, il faut être bien entraîné, respecter son corps et connaître ses limites», dit M. Boisvert.

L'hyponatrémie, qui guette aussi les coureurs, est un phénomène un peu plus rare. «C'est quand on boit trop d'eau et que la concentration de sel dans le corps devient trop faible», explique M. Boisvert.

Dans tous les cas, certains signaux ne devraient jamais être pris à la légère, comme un teint pâle, des étourdissements et de la confusion. «Quand on note ça, il faut arrêter», conclut M. Boisvert.