Avec son image protectrice remplie de bonté, il n'est pas surprenant que le père Noël apparaisse comme une solution miracle aux gens esseulés ou désemparés. «Dieu est de moins en moins présent dans notre société, alors en dernier recours, les gens ne savent plus à qui d'autre s'adresser lorsqu'ils veulent être écoutés sans courir le risque d'être jugés», analyse Jean-Rémy Provost, directeur de l'organisme montréalais Revivre, qui vient en aide aux personnes déprimées, anxieuses et bipolaires.

Noël est par ailleurs l'heure des bilans de fin d'année, dit-il, et une période de constats parfois rudes.

Pourquoi ne pas frapper d'emblée à la bonne porte? «Pour bien des gens, c'est moins confrontant d'écrire que de parler à une autre personne, affirme M. Provost. Les gens veulent aussi se raconter d'une traite, sans être interrompus. Ils hésitent souvent longtemps avant d'appeller notre ligne d'aide. Il y a encore une gêne. Plusieurs préfèrent nous envoyer d'abord un long courriel.»

D'après M. Provost, écrire au père Noël, «c'est un peu comme lancer une bouteille à la mer». «Le simple fait d'écrire est très thérapeutique en soi, dit-il. À la limite, envoyer sa lettre n'est pas absolument nécessaire.»

Dans certains cas, il s'agit toutefois de véritables appels au secours. Car Noël est une période particulièrement difficile pour les gens tristes ou seuls. Les problèmes financiers ressortent. Le deuil de certains proches est ravivé. «Noël, on ne peut y échapper, souligne M. Provost. Les décorations, les publicités à la télévision, les chansons à la radio: tout nous rappelle que c'est une période de retrouvailles. On nous impose de nous amuser, on nous plonge dans la nostalgie. C'est difficile quand on n'a pas une vie trop joyeuse.»

Mieux vaut frapper à la bonne porte

Le programme de lettres au père Noël n'est pas fait pour les adultes. «On ne veut pas dénaturer le programme et se retrouver avec une avalanche de lettres au détriment des enfants, alors, s'ils n'écrivent pas au nom de leur enfant, nous aimerions que les adultes évitent d'y participer», demande Christiane Ouimet. Les bénévoles de Postes Canada ne sont pas psychologues et ne sont pas outillés pour répondre aux messages de détresse, précise la porte-parole de la société d'État. Déjà submergés, ces bénévoles envoient une réponse-type aux 260 000 lettres de Noël postées au Québec chaque année. Les rares missives trop inquiétantes sont remises au programme d'aide aux employés, mais les personnes qui trouvent Noël difficile seraient mieux servies si elles frappaient directement à la bonne porte.

Quelques organismes

Ligne d'écoute et centre d'information Revivre: 1-866-738-4873

Pour être écouté ou informé si vous êtes en détresse, déprimé, anxieux ou bipolaire.

Ligne d'aide aux personnes suicidaires: 1-866-APPELLE (ou 277-3553)

Pour être transféré à la ligne de Suicide Action, à Montréal, ou du centre d'aide de votre région.

Moisson Montréal: 514 344-4494

Pour obtenir des aliments si vous êtes défavorisé.

Les Petits frères des pauvres: 514-527-8653

Pour les personnes âgées de 75 ans et plus qui souffrent d'exclusion et de solitude.

Ligne Crise-Ado-Jeunesse (CAFE): 8-1-1

Pour les parents ou les enfants dépassés par une crise familiale.

Centre de référence du grand Montréal: 514-527-1375

Pour être orienté vers l'organisme qui répondra le mieux à vos difficultés et à vos besoins.