Le ministre de la Santé lancera officiellement ce matin l'ambitieux programme de gratuité de la procréation assistée au Québec. Le Dr Yves Bolduc doit en faire l'annonce au Centre universitaire de santé McGill (CUSM). Il s'agira d'une première dans le genre en Amérique du Nord.

Selon nos sources, le ministre annoncera que les interventions médicales et les médicaments nécessaires à trois cycles de fécondation in vitro seront désormais couverts par la fameuse carte soleil.

Afin de répondre à la forte demande, le ministre s'est déjà engagé à investir 2 millions de dollars dans la rénovation et l'expansion du Centre de reproduction McGill, actuellement logé à l'hôpital Royal Victoria, qui déménagera éventuellement dans le futur CUSM en construction sur les terrains de l'ancienne gare Glen.

Les nouveaux règlements ministériels sur la fécondation in vitro, qui ont déjà fait l'objet d'une consultation publique de 45 jours, comportent deux volets. Le premier l'incorpore aux services remboursés par la Régie de l'assurance maladie du Québec (RAMQ); le deuxième encadre les activités cliniques, comme le nombre d'embryons implantés.

Plusieurs couples et femmes qui tentent en vain d'avoir un enfant depuis des années se demandent par ailleurs comment le gouvernement gérera les listes d'attente pour des traitements de fécondation in vitro.

Dans un contexte où le réseau de la santé a besoin d'investissements majeurs, particulièrement dans les soins de première ligne, le programme du gouvernement a déjà suscité plusieurs critiques dans le milieu, notamment de la part des fédérations de médecins. Sans être contre la procréation assistée, la Commission de l'éthique de la science et de la technologie (CEST) a déjà émis 19 recommandations avec de sérieuses réserves. Elle estime entre autres choses que, lorsqu'une personne éprouve des difficultés à procréer de façon naturelle, l'adoption devrait constituer une solution de rechange.

Le programme pourrait coûter au moins 35 millions de dollars par année à Québec. Une procréation assistée peut coûter jusqu'à 15 000$. En contrepartie, le programme permettrait la naissance de plus de 1400 petits Québécois de plus par année. De 2500 fécondations in vitro, le nombre pourrait grimper à 10 000 en 2013, a aussi déjà déclaré le ministre Bolduc.

Au Collège des médecins du Québec, on a expliqué à La Presse lundi qu'on aurait aimé que le programme soit accompagné d'un système de surveillance du processus de procréation assistée auprès des femmes, du début jusqu'à la naissance des bébés.