La bonne foi patronale n'est «pas évidente» à la table des négociations avec les infirmières, pour le renouvellement de leur convention collective.

C'est ce que déplore la présidente de leur syndicat, Régine Laurent, qui accuse le gouvernement de ne pas comprendre leurs conditions de travail.

«Si on se fie à ce qu'ils font à la table des négociations, on ne peut pas dire qu'ils les comprennent», a-t-elle lancé en point de presse, jeudi, après une manifestation de ses troupes devant le Parlement.

Au cours de cette manifestation, quelques centaines d'infirmières de la Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ) ont donc invité officiellement les députés à venir passer une journée avec elles dans des établissements de santé, pour prendre conscience de leur réalité.

Si les députés ne répondent pas à l'invitation, les infirmières se chargeront de leur rappeler, car il est «obligatoire» qu'ils aillent faire un tour dans les hôpitaux. La chef péquiste Pauline Marois ainsi que plusieurs de ses députés sont d'ailleurs allés saluer les infirmières.

«Arrêter de réfléchir et agir»

En point de presse, Mme Laurent s'est défendue de «durcir le ton» en pleines négociations. Elle reproche toutefois aux négociateurs patronaux de tergiverser sur les solutions, de demander du temps, alors que selon elle, «il faut arrêter de réfléchir et agir».

«Ca suffit, ça fait des années qu'on connaît les problèmes du système de santé», a-t-elle plaidé.

A ses yeux, pendant qu'on temporise, le nombre d'infirmières qui partiront à la retraite augmente, tandis qu'on ne peut retenir les plus jeunes, qui iront travailler dans des agences privées.

Mme Laurent réclame des améliorations «énormes» à l'aménagement de travail et aux conditions de travail.

Elle a d'ailleurs apostrophé les ministres, qui ont fait grand cas de leur réunion spéciale, qui s'est tenue exceptionnellement un dimanche.

«On est combien dans notre profession à passer notre vie entière à travailler un dimanche sur deux? Est-ce qu'ils (les ministres) pourraient comprendre ce que ça veut dire, et à quel point il faut combler ces inconvénients? Peut-on se dire que leur show de dimanche dernier, ça ne nous a pas fait brailler?» a-t-elle lancé sous les acclamations.

La présidente de la Fédération canadienne des syndicats d'infirmières et infirmiers, Linda Silas, a dit aux manifestantes qu'elles ne méritaient pas les «cochonneries» que leur offrait le gouvernement à la table des négociations.

«Il est grand temps que ce gouvernement porte une attention spéciale aux professionnels de la santé, parce que vous êtes en retard, a-t-elle déclaré aux manifestantes. Vous rappelez-vous que vous avez eu un décret de cinq années (fixant les conditions de travail)? C'est long, cinq années. Pendant ce temps, les autres provinces ont fait des améliorations à l'aménagement du travail.»

Le ministre de la Santé, Yves Bolduc, a pour sa part indiqué que le climat aux tables de négociations était «tout de même cordial».

«En ce qui a trait à l'aménagement du temps de travail, ce sont des scénarios qu'il faut regarder et des discussions qu'il faut avoir avec eux (les syndicats), a-t-il commenté en point de presse jeudi, à Québec. On n'arrive pas à une solution parfaite sur le coup, mais il faut prendre le temps d'en discuter ensemble.»

Les deux parties ont convenu de reprendre les pourparlers lundi.