Le ministre des Relations internationales, Jean-François Lisée, défend la nomination de Jean-Yves Duthel comme représentant d'Investissement Québec à Munich même si le Directeur général des élections a déposé des accusations contre lui.

Mardi, à l'entrée d'une réunion du caucus péquiste, M. Lisée a confirmé que le gouvernement était au courant des accusations contre M. Duthel avant qu'il ne soit nommé.

En juillet 2012, le DGE a accusé M. Duthel, avec un autre ancien permanent de Vision Montréal, d'avoir fourni des contributions illégales au parti que dirigeait son patron à l'époque, Benoît Labonté. M. Duthel doit comparaître le 30 avril. Il a plaidé non coupable et soutenait en juillet dernier « n'avoir ni été ni utilisé un prête-nom » pour des dons politiques.

Alors que la cause n'a pas encore été entendue, Jean-François Lisée a déclaré que «tout est réglé du côté de la justice». Puis il a corrigé le tir, disant qu'il faut «attendre les décisions» du tribunal.

Mais selon lui, le gouvernement n'avait pas à patienter avant de nommer M. Duthel. «On pense que c'est la meilleure personne pour le poste. Si vous lisez le curriculum vitae, vous verrez comme moi que ça aurait été difficile de trouver quelqu'un avec plus de compétences et de connaissances du dossier», a fait valoir M. Lisée. «Je pense que la décision a été prise par Investissement Québec, nous en avons été informés, et nous pensons que c'est un excellent choix.»

Le ministre a entre autres souligné que M. Duthel a travaillé aux côtés de Bernard Landry à la création de la Cité du multimédia. Ce «germanophone» qui a «beaucoup d'énergie» a également «organisé pendant plusieurs année la présence du Québec à Davos», au Forum économique mondial. «C'est vraiment la bonne personne au bon endroit», a-t-il ajouté, parlant d'une «candidature idéale».

M. Duthel est un fidèle de Pauline Marois. Il a été le bras droit de Claude Blanchet, le mari de Mme Marois, au Fonds de solidarité puis à la Société générale de financement.

Le PLQ questionne l'intégrité de Duthel

«Ce qui est étonnant et troublant, c'est que cette fois on nomme à Investissement Québec quelqu'un dont l'intégrité est remise en cause. Il a été sous enquête interne de la ville de Montréal en 2009 pour le détournement possible d'une subvention accordée à une organisation culturelle dans l'arrondissement de Ville-Marie. Et, comme si ce n'était pas assez, il est en plus accusé de contribution illégale pour Vision Montréal et doit comparaître devant le Directeur général des élections le 30 avril prochain», a lancé la libérale Lise Thériault.

Elle craint pour «l'image de marque» du Québec à l'international. Elle veut connaître les critères qui ont mené à son embauche. «Doit-on comprendre ici que c'est plutôt parce qu'elle lui doit une faveur ou parce qu'un chum, c'est un chum?», a-t-elle raillé.

Un «ami» du mari de Marois, rappelle la CAQ

La Coalition avenir Québec (CAQ) dénonce cette «nomination partisane». «Jean-Yves Duthel, je le connais. C'est quelqu'un qui a fait toute sa vie dans les communications. On lui demande d'aller démarcher des investissements à Munich. Je m'excuse de le dire, mais il n'a pas les compétences pour faire ce travail», a dénoncé son chef François Legault.

«On sait que c'est un grand ami de Claude Blanchet, le mari de Pauline Marois», a-t-il ajouté. «Il y a-tu quelqu'un qui est dupe ici?»

Avec notamment Sylvain Simard, André Boisclair et Gilles Duceppe, les nominations partisanes s'accumulent, juge la CAQ. «Il y en a toutes les semaines. On est passé des post-it rouges aux post-it bleus. Il n'y a rien de changé. C'est pareil comme les libéraux.»

M. Legault présentera mercredi une motion pour exiger que le comité sur les nominations partisanes https://goo.gl/NKWlJ vienne expliquer en commission parlementaire «comment on est arrivé à la conclusion que Jean-Yves Duthel avait les compétences pour aller négocier des investissements avec les entreprises, alors qu'il n'a jamais fait ça de sa vie.»

Le caquiste Jacques Duchesneau ajoute que le gouvernement Marois aurait pu «se garder une petite gêne» avant de nommer un homme accusé d'avoir fait des dons illégaux à Vision Montréal. Il est passible d'une amende de 644 dollars, et nie les allégations. «Dans une cause pendante, la personne n'est pas encore trouvée coupable. On est dans un système de justice où une personne peut être accusée et a le droit de se défendre», a tenu à rappeler M. Duchesneau, avant de dénoncer le «manque d'élégance». «On aurait pu attendre que la cause soit finie. Qu'est-ce qui pressait? Est-ce qu'on a peur de perdre le pouvoir, et donc on nomme les amis?»

- Avec Paul Journet et Denis Lessard