Le réseau de la santé de Montréal devra se serrer la ceinture encore davantage cette année. Le gouvernement Marois revoit à la hausse les compressions qui lui sont imposées, a appris La Presse.

L'an dernier, Québec avait demandé aux établissements montréalais de faire des «efforts d'optimisation» de 80 millions de dollars en 2012-2013. Selon ses propres prévisions, l'Agence de la santé et des services sociaux de Montréal s'attendait à recevoir une autre commande de 80 millions cette année (2013-2014) afin de contribuer à l'atteinte du déficit zéro.

Or, les plans ont changé. Le gouvernement Marois augmente la facture de 26%. Les compressions demandées s'élèvent donc à 100,9 millions de dollars pour 2013-2014. C'est 20,9 millions de plus que l'an passé.

«Il y a un effort supplémentaire qui est demandé. Et c'est un effort colossal pour notre réseau», affirme Lise Chabot, porte-parole de l'Agence. Elle a toutefois bon espoir que les établissements «peuvent faire en sorte de faire mieux», donc de concrétiser les «mesures d'optimisation» demandées.

Les établissements montréalais assument une plus grande part des compressions cette année. Pour tout le Québec, le gouvernement avait exigé des coupes de 200,5 millions en 2012-2013. C'est 225 millions cette année, une hausse de 24,5 millions qui est refilée en bonne partie aux établissements de la métropole (20,9 millions).

La décision de Québec est un autre signe de la grande précarité des finances publiques. Dans sa mise à jour économique du 28 mars, le ministre des Finances, Nicolas Marceau, a annoncé qu'il puise 200 millions dans ses réserves pour ne pas faire de déficit en 2013-2014. Ces réserves fondent ainsi de moitié, alors que l'année financière est à peine commencée. Dans ce contexte, la pression est forte dans les ministères pour comprimer les dépenses.

L'administration touchée

Le 28  mars, François Lemoyne, directeur du financement et de la performance de l'Agence de la santé et des services sociaux de Montréal, a écrit aux différents établissements pour leur confirmer la commande du gouvernement. «Nous sommes conscients de l'importance de cet effort, d'autant plus qu'il doit se réaliser sans affecter l'offre de service à la population», affirme-t-il.

Des 100,9 millions, 49 millions seront sabrés «dans les secteurs de l'administration, de la production alimentaire, de l'approvisionnement en commun et de la gestion des ressources humaines».

Le reste de la commande - 51,9 millions - est réparti «au prorata des dépenses des établissements». Ceux-ci «sont invités à identifier les secteurs où ils peuvent, le plus rapidement possible, améliorer leur performance», écrit

M. Lemoyne.

S'il exige des compressions «de nature administrative» aux établissements, le gouvernement Marois augmente tout de même les dépenses globales du ministère de la Santé de 4,8% cette année, comme le prévoit le budget Marceau. Pour l'ensemble des ministères, Québec limite les dépenses de programmes à 1,9%.