Le ministre de la Justice, Bertrand St-Arnaud, invite ses collègues à faire preuve «d'une extrême prudence» avant de commenter le règlement municipal P-6 de Montréal, qui exige que les manifestants dévoilent leur itinéraire à l'avance.

«Il peut arriver que des collègues s'échappent, mais la règle, c'est qu'il faut être extrêmement prudent quand il y a des recours devant les tribunaux. Dans ce cas-ci, il y a une contestation constitutionnelle devant la Cour supérieure, qui sera plaidée au cours des prochains mois», a-t-il rappelé.

Lisée dans la mêlée

Plus tôt en journée, mardi, le ministre responsable de Montréal, Jean-François Lisée, a indiqué que le règlement P-6 est «un des plus tolérants au monde». «L'itinéraire, manifester à visage découvert, c'est raisonnable. Je suis certain que la Sûreté du Québec a des centaines de photos de moi en train de manifester, et on ne s'en porte pas plus mal», a-t-il dit.

La première ministre Pauline Marois a par la suite qualifié le règlement de «raisonnable». Le ministre de la Sécurité publique, Stéphane Bergeron, a quant à lui rappelé que le règlement était actuellement contesté en cour. Il a toutefois donné ce «conseil»: «il serait si simple de donner le trajet à l'avance», a-t-il souligné.

M. St-Arnaud a refusé de nommer des collègues. Mais, selon nos informations, on estime au gouvernement que M. Lisée serait allé trop loin dans son appui à Montréal. Confronté à cette information, M. Lisée a réagi ainsi: «Il y a une marge de manoeuvre quand une cause est en cour. Le plus prudent doit être le ministre de la Justice. Cependant, ça ne nous empêche pas, comme membre du gouvernement, de dire le bon sens.»

Plus tôt dans la journée, M. Lisée a lancé un appel aux manifestants. «C'est pour leur protection, celle des commerçants, celle du public. J'ai fait des centaines de manifestations avec un itinéraire, cela empêcherait des jeunes d'avoir des amendes de 600$», a-t-il lancé.

Le ministre responsable de Montréal explique que son gouvernement a abrogé la loi 12 des libéraux (projet de loi 78) parce qu'elle était «dénoncée par le Barreau, allait beaucoup plus loin, avait des obligations terribles». «Nous l'avons abrogée, nous sommes flexibles pour protéger le droit de manifester, on ne peut pas être plus tolérant que demander l'itinéraire au moment où cela se passe.»

Pauline Marois a commenté le dossier par la suite. Après avoir abrogé la loi 12, la première ministre a jugé bien raisonnables les obligations demandées par la Ville de Montréal aux manifestants. «Il y a un règlement qui prévoit que les manifestants doivent donner leur itinéraire, je suis d'accord pour que les gens puissent manifester sans violence et en respectant les règles. La règle est simple, on ne doit pas fournir son itinéraire trois jours avant, on peut le déposer dès qu'on s'attroupe et que les policiers le demandent», a-t-elle dit. Mme Marois invite les groupes qui doivent manifester mardi soir à se plier au règlement. La loi 12 était «scandaleuse, elle n'avait aucun sens».