Sans tambour ni trompette, le gouvernement Marois a ajouté deux firmes plutôt proches du Parti québécois (PQ) à la liste des spécialistes en relations publiques qui ont un accès privilégié aux contrats gouvernementaux. Casa Com et Tact intelligence-conseil font partie, depuis janvier, du club sélect des firmes qui peuvent obtenir des contrats de plus de 100 000$ sans avoir à traverser un processus ouvert d'appel d'offres.

Cela porte à sept le nombre de sociétés «présélectionnées» qui peuvent se disputer les plus importants contrats gouvernementaux en relations publiques. En début de journée, lundi, on soutenait au conseil exécutif que les listes d'entreprises pour les contrats de publicité n'avaient pas changé depuis les dernières élections. Hubert Bolduc, responsable des communications au conseil exécutif, a fait amende honorable par la suite. En effet, une revue annuelle de la liste est prévue par l'article 43 du «Recueil des politiques de gestion» qui s'applique à tout le gouvernement.

En novembre dernier, le gouvernement Marois a lancé un nouvel appel d'offres pour ce groupe de firmes «présélectionnées». Quatre firmes ont alors levé la main, mais deux seulement se sont qualifiées. Pour les contrats de relations publiques de 100 000$ et plus, on a ajouté Casa Com et Tact intelligence-conseil aux sociétés National, Optimum, HKDP, Morin Relations publiques et Octane Stratégies, déjà dans la liste du gouvernement Charest.

Les appels d'offres sont limités à ces firmes «présélectionnées»; les ministères sont même invités à éviter le processus général d'appels de soumissions publiques. Le site internet du Centre de services partagés du Québec (CSPQ), qui gère ces contrats, le souligne sans détour: «Pour vos besoins en relations publiques, bénéficiez rapidement des services d'une firme présélectionnée et évitez ainsi le processus d'appel d'offres et les autres procédures administratives déjà pris en charge par le CSPQ.» Selon M. Bolduc, les ministères et les organismes sont carrément «obligés» de passer par ces listes.

Des liens étroits

La Presse a indiqué la semaine dernière que Tact intelligence-conseil avait obtenu, sans appel d'offres, un contrat de 200 000$, parce que Québec voulait retenir les services de Martine Tremblay comme négociatrice avec les Cris. À la tête de Tact, on trouve François Ducharme, depuis longtemps proche du PQ - un ancien des cabinets péquistes dans les années 80. Daniel Matte, autre «associé principal», est aussi un ex-employé politique du PQ, au cabinet de Guy Chevrette, tout comme Manon Genest, chef de cabinet de Maxime Arsenault. La firme a aussi comme «associée principale» Marie Grégoire, issue de l'Action démocratique du Québec, et Christian Lessard, ancien conseiller de Jean Charest.

À la tête de Casa Com, on trouve Marie-Josée Gagnon, ex-attachée de presse de Jacques Parizeau, pour qui on avait créé par la suite le poste de chef de cabinet à la délégation du Québec à Paris. C'est aussi l'ex-conjointe de Me Éric Bédard, proche conseiller d'André Boisclair puis de Pauline Marois, et frère du président du Conseil du Trésor, Stéphane Bédard. Anik Bélanger, longtemps au cabinet de Louise Harel et attachée de presse de Bernard Landry, est aussi directrice chez Casa Com.

M. Bolduc repousse rapidement toute allusion à des sympathies partisanes dans ces firmes. «J'ai dit aux firmes: vous serez évaluées sur la base de la créativité, sur la compétence. Si on fait des chasses aux sorcières, il y a des péquistes, des libéraux et des caquistes partout, on ne passera jamais au travers!» National est très associée aux libéraux, mais on y trouve aussi Francine Lahaye, proche de Mme Marois et de sa chef de cabinet Nicole Stafford, de même que l'ancien ministre péquiste Pierre Bélanger, observe-t-il.