« Surprise », « injustice » et « incohérence totale », la co-porte-parole de Québec solidaire Françoise David n'a pas mâché ses mots au sujet des modifications à venir à l'aide sociale.

À compter du 1er juin, des compressions viseront notamment les prestataires âgés de 55 et 58 ans, les familles ayant de jeunes enfants de moins de cinq ans et les bénéficiaires qui ont recours à des services pour personnes toxicomanes.

Dans un communiqué émis en fin d'après-midi, la ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, Agnès Maltais, a souligné que contrairement à ce que certains avancent, il ne s'agit pas d'une réforme. Le mot compression ne figure pas non plus sur les quatre pages du communiqué qui invoque plutôt des mesures d'aide à l'emploi.

« Il y aura près de 700 000 postes à pourvoir au Québec de 2012 à 2016, dont 75 % en raison des remplacements des départs à la retraite », explique la ministre dans le communiqué.

« Dans un contexte de rareté de main-d'oeuvre croissant, ajoute-t-elle, les entreprises sont de plus en plus ouvertes à diversifier leur main-d'oeuvre et profiter davantage de l'apport des personnes sous représentées sur le marché du travail. Les modifications visent à mieux reconnaître le potentiel d'intégration ou de retour en emploi des prestataires d'une aide financière de dernier recours en misant sur l'idée que l'emploi constitue le meilleur moyen de briser le cycle de pauvreté. »

Mais pour la députée de la circonscription de Gouin, à Montréal, il ne faut pas jouer sur les mots. Selon Françoise David, « il faut être clair: il s'agit de compressions! »

De plus, Mme David croit que le gouvernement Marois a tenté d'en passer « une petite vite » en annonçant ces changements discrètement dans la Gazette officielle le 27 février alors que les députés ne siègent pas à l'Assemblée nationale durant la relâche scolaire.

Françoise David joint ainsi sa voix à celle de la porte-parole du Front commun des personnes assistées sociales du Québec, Amélie Châteauneuf, qui a dénoncé plus tôt dans la journée une annonce faite en catimini. Mme Châteauneuf a même parlé d'un manque de courage flagrant du gouvernement qu'elle a aussi accusé d'avoir agi en hypocrite.

À cela, la députée de Gouin souligne que la ministre Maltais n'a pas dit un mot à ce sujet lors de l'étude des crédits budgétaires de 2012-2013.

Elle y voit une « incohérence totale » de la ministre Maltais qui, pas plus tard que la semaine dernière, est allée à Ottawa pour convaincre son homologue fédérale Diane Finley de reculer sur sa réforme de l'assurance-emploi, qui pénalisera notamment les travailleurs saisonniers.

Selon Françoise David, certaines personnes, comme les travailleurs saisonniers vivant de la pêche, seront doublement pénalisées lorsqu'elles n'auront plus droit au chômage et frapperont à la porte de l'aide sociale.

Elle a affirmé « que tout ça est complètement incohérent à partir de la réforme de l'assurance-emploi jusqu'à la réforme de l'aide sociale ».

La députée de Gouin assure qu'elle est d'accord avec les programmes de réinsertion au travail. Par contre, elle soutient que « ce n'est pas vrai que tout le monde va trouver un emploi décemment payé au terme de ces programmes. »

Pour Françoise David, « c'est injuste et on ne peut pas, sous le prétexte de l'équilibre budgétaire, appauvrir les plus pauvres. »

Pour atténuer ces réductions, le ministère soutient que les prestataires de l'aide sociale touchés « recevront une lettre pour les informer des changements à venir » et que des agents d'Emploi-Québec seront disponibles pour les accompagner.

La ministre Agnès Maltais n'était pas disponible pour une entrevue téléphonique lorsque son attachée de presse a été jointe par La Presse Canadienne en début de soirée samedi, un peu plus d'une heure après la diffusion du communiqué de presse.