Les annonces de projets routiers pour lesquels aucun budget n'était prévu étaient monnaie courante sous le gouvernement Charest a accusé le ministre des Transports, Sylvain Gaudreault, lors de l'étude des crédits de son ministère.

«Je me réveille la nuit pour ne pas en revenir!», a-t-il lancé en commission parlementaire. À la veille du déclenchement des élections, le gouvernement Charest «atteint du syndrome de l'annonce et de la coupure de ruban» avait «multiplié les annonces irresponsables», a soutenu le ministre. Sylvain Gaudreault a donné en exemple les projets de boulevard urbains près de l'autoroute 440 à Laval et des travaux près de l'autoroute 30 annoncés avec tambour et trompettes par son prédécesseur libéral Pierre Moreau, dont il exhibait des photos lors des annonces.

«Ce que les Québécois reprochent à l'ancien régime c'est de ne pas avoir dit la vérité. C'est de l'incurie, du dérapage de l'irresponsabilité», a-t-il lancé. «Désormais on va dire ce qu'on va faire et faire ce qu'on a dit», a-t-il ajouté.

Pour la députée libérale et ancienne ministre des Transports Julie Boulet, le gouvernement péquiste «jette de la poudre aux yeux. Ils réduisent les dépenses d'immobilisation de 1,5 milliard de dollars et ils n'ont maintenant pas le choix et cherchent des excuses. Quand on coupe autant d'argent, c'est clair qu'il y aura des projets retardés». Pour elle, les projets annoncés se trouvaient dans les plans du gouvernement, mais pour les étapes préliminaires, les études environnementales, les tracés les évaluations environnementales, il n'y a pas beaucoup d'impact aux budgets explique-t-elle.

Le gouvernement Marois réévalue actuellement l'ensemble des projets qui ne sont pas déjà en cours de construction. Pour éviter d'annoncer des annulations, on portera de cinq à dix ans la période de planification. Les projets seront toujours dans les plans, mais reportés à plus tard.

M. Gaudreault a rendu publique une note transmise par le ministère au cabinet de son prédécesseur Pierre Moreau. On y identifie des projets «sous-budgetés» d'environ 345 millions pour lesquels des annonces étaient faites sans que les provisions budgétaires soient prévues. Le projet de la A-35, de la A-70 et de la A-410. Cette dernière dans la région de Sherbrooke, attendue en 2013, était reportée secrètement à 2015 et ne sera pas prête pour les Jeux du Canada.

Des projets étaient reportés au-delà du plan quinquennal, plus tard qu'avril 2016. Parmi ces projets, la réfection de la rue Notre-Dame, à Montréal, la A-19 à Bois-des-Fillions, la 20 à Trois-Pistoles et la A-85 en Matapédia. Pour la 19, le premier ministre Jean Charest avait lui-même soutenu que le projet était prévu au plan quinquennal, «or ce n'est pas vrai» observe M. Gaudreault.

Dans les Basses-Laurentides, «je sais qu'il y a des problèmes de congestion, je suis souvent interpellé, mais  on va regarder, et annoncer dans un plan quinquennal clair» a-t-il soutenu.