Le ministre des Relations internationales, Jean-François Lisée, a annoncé mercredi que le gouvernement québécois veut prendre le contrôle des activités d'aide internationale financées actuellement par Ottawa.

M. Lisée a dénoncé les orientations de l'Agence canadienne de développement international (ACDI). Selon le ministre, les politiques de l'agence fédérale sont maintenant calquées sur les priorités du gouvernement conservateur.

Lors d'une conférence de presse, le ministre a soutenu que les Québécois ne reconnaissent plus leurs valeurs dans le travail de l'ACDI.

Le ministre a relevé un recul de l'implication de l'agence dans les pays francophones et des interventions axées vers le développement de marchés pour les exportations canadiennes, au détriment d'actions de solidarité.

«Lorsque l'ACDI a été fondée, elle a été fondée sur des valeurs québécoises qui étaient partagées par un certain nombre de Canadiens, a-t-il dit. C'est l'ACDI qui a changé, c'est pas nous. Nous on est sur les mêmes valeurs qui disent que la solidarité internationale ça ne doit pas servir nos entreprises.»

Un mandat a été donné à l'Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI) afin d'étudier ce que devrait être une Agence québécoise de solidarité internationale (AQSI).

Aux côtés de M. Lisée, le ministre des Affaires intergouvernementales et de la Gouvernance souverainiste, Alexandre Cloutier, a situé cette initiative dans la démarche du gouvernement pour obtenir plus de pouvoirs.

M. Lisée s'est défendu d'ouvrir ainsi un nouveau front pour une guerre de drapeaux sur le terrain de l'aide internationale.

«À chaque fois que le Québec s'affirme, sur quelque point que ce soit, c'est une mauvaise chose et c'est une bataille, a-t-il dit. Nous, on pense que quand les Québécois s'affirment, dans un certain nombre de domaines, ce sont les Québécois qui s'affirment et c'est une bonne chose en soit.»

M. Cloutier a affirmé que le comité mandaté devra aussi évaluer les sommes qui pourraient être rapatriées au Québec de l'ACDI vers une future AQSI, un montant que le ministre a estimé entre 800 et 900 millions $ par année.

«Le Québec va donc étudier plusieurs questions qui sont en lien avec le rapatriement des sommes, mais aussi la création de cette agence au Québec», a-t-il dit.

Le président de l'AQOCI, Denis Labelle, a affirmé que depuis 2011, les organismes québécois de coopération internationale doivent se partager 10 pour cent de l'enveloppe financière de l'ACDI, ce qui en place plusieurs en situation déficitaire.

«Pour nous, ce n'est pas un hasard», a-t-il dit.

À Ottawa, le cabinet du premier ministre Stephen Harper a affirmé que le gouvernement fédéral détient la juridiction de l'aide internationale et qu'il n'a aucune intention de renoncer à ce pouvoir.

«Comme le premier ministre dit souvent, nous avons l'intention de respecter la Constitution canadienne et il s'agit clairement d'un champ de compétence fédérale, a écrit l'attaché de presse Carl Vallée dans un courriel. Nous n'entrevoyons aucun changement à la façon dont le gouvernement fédéral administre ses programmes d'aide internationale.»