Le dernier ministre des Finances de Jean Charest a attaqué de front le meneur de la course à la chefferie du PLQ, ce midi, dans le cadre d'un débat entre candidats. Raymond Bachand a directement reproché à Philippe Couillard ses liens avec le controversé docteur Arthur Porter.

«Pendant qu'on combattait la corruption et l'évasion fiscale, qu'est-ce que tu faisais?», s'est interrogé M. Bachand. «Tu étais avec Arthur Porter!»

Les candidats à la succession de Jean Charest discutaient des mesures à prendre pour lutter contre la corruption et le cynisme du public envers les politiciens.

Philippe Couillard a refusé d'entrer dans le ring avec son adversaire.

«Je ne céderai pas à la tentation d'utiliser les mêmes tactiques», a-t-il répliqué du tac au tac. «C'est facile d'avancer des noms et de faire des coupables par association.»

Raymond Bachand faisait référence aux liens d'affaires que Philippe Couillard a tissé avec l'ex-grand patron du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) après sa démission du gouvernement Charest, en 2008. Deux ans plus tard, les deux médecins ont créé ensemble une firme de consultation. Philippe Couillard jure qu'il s'agit d'une coquille vide qui n'a jamais servi.

Pas d'excuse

En point de presse, après le débat, M. Bachand a totalement refusé de reculer. Au contraire.

«Vous ne vous associez pas à quelqu'un pour partir une compagnie si vous ne le connaissez pas», a-t-il affirmé. Il a ajouté qu'il était revenu sur ce sujet parce qu'il se sentait attaqué par Philippe Couillard quant au bilan du gouvernement Charest en matière de lutte à la corruption.

«J'ai des émotions. Il m'a piqué. Alors je lui ai demandé ce qu'il faisait pendant ce temps-là», a expliqué Raymond Bachand.

Philippe Couillard, pour sa part, a refusé de commenter les attaques de son adversaire, affirmant seulement son attachement à un «discours politique positif et respectueux». «On fait des choix dans la vie. J'essaie que dans mon coeur ne viennent jamais la haine et la rancune», a-t-il philosophé.

Récidive

Ce n'est pas la première fois que Raymond Bachand assénait un coup de poing politique à Philippe Couillard.

Au tout début de la course à la chefferie, l'ex-ministre des Finances avait affirmé que son adversaire avait «essayé, à un moment donné, presque de faire un putsch» contre Jean Charest. L'accusation avait été lors de l'enregistrement d'une émission politique dominicale de TVA.

Dans les minutes suivantes, M. Couillard avait exigé des excuses, disant ne «pas croire que Raymond ait pu dire des choses semblables». «C'est très décevant», avait-il ajouté.

Avant même la première diffusion de l'émission, Raymond Bachand avait dit regretter l'effet de sa sortie, sans toutefois s'excuser. Ses mots étaient «comme au hockey une mise en échec un peu trop dure», a-t-il illustré. «Je ne cherche jamais à blesser quelqu'un.»

Un ministre pour les anglophones

Le troisième débat avait lieu en anglais et abordait surtout des enjeux chers à la communauté anglophone du Québec.

Raymond Bachand en a notamment profité pour annoncer qu'il souhaitait nommer un ministre responsable pour cette communauté. Ses deux adversaires se sont vivement opposés à l'idée, jugeant qu'elle diviserait les collectivités.

Pierre Moreau, pour sa part, a lancé l'idée de programmes d'accès pour encourager les Anglo-Québécois à envisager une carrière dans la fonction publique.

Le meneur de la course, Philippe Couillard, a insisté sur l'importance de prendre exemple sur les commissions scolaires anglophones afin d'augmenter le taux de bilinguisme des jeunes francophones.

Un quatrième et avant-dernier débat aura lieu demain à Gatineau.