Malgré la grogne autant chez les recteurs que chez les étudiants, le gouvernement Marois n'a pas l'intention de reculer sur les compressions de 124 millions de dollars imposées aux universités.

«Les cibles ont été fixées», et «je dois les respecter», a affirmé le ministre de l'Enseignement supérieur, Pierre Duchesne, hier. Il a toutefois indiqué qu'il «discute avec différents recteurs sur les façons d'appliquer cette diminution». Il a plaidé que le gouvernement est «responsable» et que «les Québécois ne veulent pas de surendettement». Les universités ont tout de même droit à une hausse de leurs budgets de 3% malgré les compressions, a-t-il ajouté.

Le tollé soulevé par les compressions promet de pimenter la deuxième rencontre de consultation, aujourd'hui et demain à Trois-Rivières, en prévision du Sommet sur l'enseignement supérieur de février. Le thème de cette rencontre n'a rien pour apaiser les esprits: on parlera d'accessibilité aux études et de droits de scolarité.

Malgré l'appel au compromis lancé par M. Duchesne, la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) et l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) réclament toujours le gel et la gratuité scolaire respectivement. Le gouvernement Marois préconise une indexation. L'ASSÉ menace de boycotter le Sommet et prépare déjà une manifestation en marge de l'événement.

Les recteurs sont quant à eux sur le pied de guerre. Denis Brière, de l'Université Laval, fait même circuler une pétition auprès des diplômés pour inciter le gouvernement à renoncer aux compressions.

Appel au dialogue

En fin de journée hier, Pierre Duchesne a cru bon d'envoyer une lettre à tous les participants de la deuxième rencontre de consultation. «La situation budgétaire dont notre gouvernement a hérité ne permet pas de répondre à court terme aux besoins de financement de nos institutions d'enseignement supérieur comme nous aimerions le faire ni, sans doute, comme elles le méritent. Nous discutons avec les représentants de celles-ci afin de trouver des voies de passage», écrit-il.

Il multiplie les formules pour inviter les participants au «dialogue». «Je suis prêt à beaucoup d'ouverture si nous acceptons tous de mettre l'épaule à la roue, affirme-t-il. Il y en a qui voudraient qu'on mette au pas les étudiants, d'autres qu'on monte en épingle des erreurs de gestion qui ont été commises. Certains qualifient l'effort de dialogue que nous faisons de perte de temps. Il y en a qui affirment que tout est décidé d'avance. Je réponds à tous que ma porte est ouverte, que c'est dans le dialogue que nous pouvons construire. Je préfère les échanges autour d'une table plutôt que les affrontements sur un champ de bataille.»

Plus tôt dans la journée, il a reconnu que sa démarche de consultation se complique. «Oui, il y a des dissensions, des prises de position différentes. Mais écoutez, on ne peut pas s'attendre à autre chose. Est-ce qu'il y a quelqu'un qui pense que la tenue du Sommet et les rencontres préparatoires vont être faciles? Non. On a passé six mois difficiles, et les Québécois ne veulent pas d'une autre crise», a-t-il soutenu.