S'il est élu chef du Parti libéral du Québec (PLQ), en mars prochain, Philippe Couillard ne tardera pas à décréter la tenue d'un grand congrès extraordinaire d'orientation du parti.

M. Couillard veut démocratiser le PLQ, le décentraliser, donner plus de pouvoirs à la base en région et aux jeunes en particulier. Et on sent qu'il veut bouger rapidement.

Selon lui, au fil des ans, le parti a perdu le contact avec sa base.

«Un parti politique, c'est un lieu d'idées, pas une machine», a-t-il dit, en entrevue téléphonique à La Presse Canadienne.

Le congrès d'orientation servirait aussi à définir le prochain programme du parti. Il fait valoir qu'il n'y a pas eu ce grand brassage d'idées au PLQ depuis longtemps, et souhaite la tenue d'un congrès dès 2013.

Au PLQ, il y a un congrès des membres aux trois ans et des conseils généraux deux fois par année. Le dernier congrès a eu lieu en octobre 2011.

«Cela fait longtemps que le Parti libéral du Québec n'en a pas tenu un. On n'a pas eu de congrès d'orientation large depuis plusieurs années, alors c'est le temps de faire ça», fait valoir le candidat, conscient que «le calendrier électoral peut se bousculer».

Ce congrès spécial serait précédé d'un conseil général, dans son esprit.

L'ex-ministre de la Santé est en mode séduction auprès des jeunes militants du parti. Il s'engage à maintenir le poids politique de la commission-jeunesse du PLQ, qui a beaucoup de pouvoir au parti (avec l'assurance du tiers des votes aux congrès). «C'est un beau laboratoire d'idées et d'innovation», selon lui. Il veut même accorder encore plus de pouvoirs aux jeunes, notamment grâce à l'assurance d'un financement stable de leurs activités.

Le mode de désignation du chef devra aussi faire l'objet de discussion, selon lui. Durant la présente course au leadership, le mode de sélection en a mécontenté certains, qui le jugent dépassé, n'étant pas fondé sur le suffrage universel des membres. Le mode actuel prévoit plutôt le choix de 24 militants par circonscription, qui éliront le successeur de Jean Charest lors d'un congrès tenu à Montréal à la mi-mars.

Prêt à la faire «évoluer», M. Couillard ne déteste pas la formule actuelle, parce qu'elle assure «le même poids électoral à chaque comté du Québec».

Il rappelle aussi l'importance qu'il veut accorder aux résolutions proposées par les associations régionales, qui ne devront plus rester lettre morte lors de l'étude en congrès, «ce qui est assez démotivant pour les militants».

Équipe

Au cours des derniers mois, M. Couillard s'est entouré de plusieurs grosses pointures, signe que son organisation va bien.

Longtemps directeur des communications de l'ex-premier ministre Robert Bourassa, Ronald Poupart est passé dans le camp Couillard. L'ex-directeur de cabinet de Monique Jérôme-Forget et auparavant attaché politique du premier ministre Jean Charest, Philippe Dubuisson, a repris du service et viendra étoffer les orientations économiques privilégiées par M. Couillard. L'ex-ministre des Finances Michel Audet fait aussi partie de l'équipe économique du candidat qui s'engage notamment à procéder à une réforme majeure de la fiscalité, s'il devient premier ministre.

Ex-directrice de cabinet de l'ex-ministre et candidat au leadership Raymond Bachand, Isabelle Mignault a plutôt choisi le camp Couillard, elle aussi, pour faire valoir ses idées.

Parmi ses organisateurs, on retrouve également les noms de Christian Lessard, ancien directeur des communications de Jean Charest, Jean-Pascal Bernier, ex-directeur de cabinet de Michelle Courchesne, et Josée Lévesque, une organisatrice d'expérience du PLQ pour l'est du Québec. Jean-François Garneau, le fils de l'ex-ministre des Finances sous Robert Bourassa, Raymond Garneau, s'est aussi joint à l'équipe dernièrement.