Pauline Marois a choisi un député au «caractère un peu bouillant», Yves-François Blanchet, pour succéder à Daniel Breton à titre de ministre de l'Environnement.

La première ministre a procédé mardi à un léger remaniement ministériel qui fait suite à la démission de M. Breton la semaine dernière. Cinq députés sont touchés par ce jeu de chaises musicales.

Yves-François Blanchet, député de Johnson, sera également responsable de la Mauricie-Centre-du-Québec, une région qui ne comptait jusqu'ici aucun ministre.

La nomination de M. Blanchet a un effet domino: Marjolain Dufour le remplace comme whip en chef du gouvernement. Le député de René-Lévesque était jusqu'à maintenant président du caucus, une fonction maintenant occupée par son collègue de Labelle, Sylvain Pagé. Celui-ci est également responsable de la région des Laurentides.

La députée de Joliette, Véronique Hivon, réintègre le cabinet comme ministre déléguée aux Services sociaux et à la Protection de la jeunesse. Elle avait quitté ses fonctions le 18 octobre en raison d'une grossesse à risque qu'elle n'a finalement pu mener à terme. Elle est revenue au Parlement la semaine dernière.

La députée de Duplessis, Lorraine Richard, n'entre pas au conseil des ministres, mais elle donnera «un coup de pouce» à Sylvain Gaudreault comme adjointe parlementaire au ministre des Transports, a également annoncé Mme Marois.

Élu pour la première fois en 2008, Yves-François Blanchet, que l'on a surnommé le goon, est un fidèle de Mme Marois. Ce bachelier en histoire et en anthropologie a été l'impresario d'Éric Lapointe et président de l'ADISQ de 2003 à 2006.

Pour justifier sa nomination à la tête du ministère de l'Environnement, Pauline Marois a fait valoir que M. Blanchet «a été président trois ans d'affilée du Jour de la Terre» et qu'il «se préoccupe des questions environnementales depuis un bon moment».

«Quand on connaît le caractère un peu bouillant d'Yves-François Blanchet, on n'a pas de doute quant à sa capacité de tenir le fort dans ce dossier qui n'est pas toujours facile, qui amène des décisions souvent controversées. Je n'ai pas d'inquiétude là-dessus», a-t-elle affirmé.

Selon Pauline Marois, M. Blanchet «pourra saluer les gens du BAPE sans aucune espèce de problème». Rappelons qu'une visite de Daniel Breton au BAPE en octobre a soulevé une controverse. «On ne doit pas s'empêcher d'avoir un contact cordial qui est simplement de bon aloi et courtois. Ça n'indique pas cependant qu'un ministre veut influencer la direction du BAPE», a ajouté la première ministre. M. Blanchet n'a pas voulu répondre aux questions.

Il y a un an, Sylvain Pagé a publié un rapport dans lequel il réclamait une «nouvelle culture politique». Parmi ses nombreuses idées, il voulait que l'ensemble des parlementaires élisent les ministres, dont certains seraient issus de l'opposition. Il souhaitait que le vote libre soit la norme en Chambre et que la ligne de parti soit limitée aux votes sur le budget et aux motions de censure.

Pauline Marois a fait comprendre que ces idées étaient des «propositions» et qu'elles ne seraient pas mises de l'avant. Elle a rappelé que les militants réunis en conseil national thématique avaient tranché toutes ces questions plus tôt cette année. «C'était tout à fait approprié que Sylvain Pagé fasse un certain nombre de propositions, comme d'autres en ont fait. Mais à partir du moment où il y a une décision, une orientation, Sylvain assume cela pleinement et complètement», a indiqué Mme Marois.

Sylvain Pagé a dénoncé plus d'une fois le «triste spectacle» de la période des questions à l'Assemblée nationale. Il est connu comme le député qui n'applaudit pas en Chambre, ce qu'il entend continuer même s'il est aujourd'hui président du caucus. «Autrement, je n'aurais plus aucune crédibilité», a-t-il dit à La Presse.

Pour le chef caquiste François Legault, la nomination de M. Blanchet semble être pour Pauline Marois «un aveu d'échec à trouver quelqu'un avec l'équilibre et le doigté pour être ministre de l'Environnement». «C'est un gars extrêmement partisan. Et en environnement, il faut un équilibre entre le développement économique et la protection de l'environnement. C'est à lui de faire ses preuves mais on a des inquiétudes», a-t-il ajouté. Il a noté que Véronique Hivon aurait été un meilleur choix à l'Environnement.

Avec Paul Journet