C'est un accueil plutôt tiède qu'ont réservé les Québécois au budget déposé cette semaine par le gouvernement Marois. Trois personnes sur quatre sont d'accord pour hausser les droits sur l'alcool et le tabac. Seulement une sur quatre, en revanche, approuve la décision d'augmenter les tarifs d'électricité.

Les Québécois sont aussi sceptiques quant à la détermination du gouvernement d'atteindre le déficit zéro en 2013-2014, et une majorité d'électeurs est d'avis que le gouvernement péquiste a peu, ou même pas du tout, respecté ses engagements de campagne électorale avec le budget déposé mardi par le ministre Nicolas Marceau.

Tel est le constat fait par la maison CROP, qui a mené deux enquêtes consécutives pour évaluer la réception du dernier budget québécois. La première enquête, auprès de 1000 internautes, a été menée du 14 au 19 novembre.

La seconde a été faite auprès de 800 personnes, toujours par l'internet, dans les jours suivant le budget, les 22 et 23 novembre.

Selon Youri Rivest, vice-président de CROP, «on n'observe pas de dérapage avec ce budget», mais le verdict de la population «devrait quand même allumer des feux orange» sur la route de Mme Marois.

À son avis, «globalement, il y a une assez bonne approbation du budget». La mesure la moins populaire reste le dégel des tarifs d'électricité du «bloc patrimonial», qui seront indexés à compter de 2014. Seulement 24 % des répondants et 37 % des péquistes approuvent ce choix.

En revanche, la hausse des droits sur l'alcool et le tabac a la cote, car 77 % des répondants disent «approuver fortement ou modérément» cette mesure. Pas moins de 91% de ceux qui disent voter pour le Parti québécois (PQ) sont de cet avis.

La nouvelle formule de la taxe santé obtient un accueil plus tiède: 53% des gens sont d'accord avec l'idée de demander une contribution uniforme de 200 $ à tous ceux qui gagnent entre 42 000 $ et 130 000 $. Si 72 % des péquistes approuvent l'idée, seulement 45 % des libéraux et des caquistes sont d'accord.

«Je suis surpris, je croyais que la réception serait bien plus négative, les gens estiment finalement qu'il y a de la justice sociale là-dedans», explique M. Rivest.

Les Québécois sont aussi sceptiques quant aux chances du gouvernement Marois d'atteindre le déficit zéro dès la prochaine année financière.

Seulement 28 % des gens ont confiance quant au respect de cet objectif - 72 % des péquistes y croient, contre seulement 13 % des caquistes et 4% des libéraux.

«C'est très faible, il y a 72 % des gens qui ne le croient pas, et 96% des libéraux trouvent que ce n'est pas réalisable», relève le sondeur.

Selon CROP, la majorité des Québécois estime que le budget de cette semaine respecte «peu ou pas du tout» les promesses électorales du PQ. «Cela montre que Pauline Marois devrait continuer d'expliquer son budget», selon M. Rivest.

Ainsi, 56 % des gens jugent que le gouvernement péquiste respecte «peu», voire «pas du tout» ses promesses électorales. Mais seulement 25 % des péquistes sont de cet avis, et 68 % de ceux qui auraient voté pour Mme Marois estiment que le budget se conforme «en partie» aux engagements de la campagne électorale.

Intentions de vote

Sur le plan des intentions de vote, on constate que le PQ a chuté de quatre points, de 35 % à 31 %, entre les sondages menés avant et après le dépôt du budget.

Selon M. Rivest, il faut se garder de faire une interprétation à l'emporte-pièce. «C'est une lumière orange qui s'allume.»

Le PQ a obtenu 32 % des voix aux élections et avait un appui de 34 % en octobre, mais il est trop tôt pour voir une tendance, selon le sondeur.

Par région, on observe que la lutte se poursuit dans le 450 entre la Coalition avenir Québec et le Parti québécois, et que le parti de François Legault a encore la cote à Québec.