Le gouvernement Marois est-il devenu plus conservateur que celui de Stephen Harper? Ottawa a compris qu'il ne fallait pas mettre trop de pression sur l'économie et a décidé de reporter d'un an l'atteinte du déficit zéro.

Le ministre péquiste Nicolas Marceau devrait faire de même, estime le club politique Syndicalistes et progressistes pour un Québec libre (SPQ Libre). Pierre Dubuc et Marc Laviolette, membres du conseil d'administration de SPQ Libre et toujours membres du bureau de leur association péquiste respective, soutiennent que le gouvernement Marois se trompe en maintenant le cap, envers et contre tous, sur le déficit zéro.

Le ministre fédéral des Finances, James Flaherty, vient en effet de reporter pour la deuxième année consécutive l'atteinte de l'équilibre budgétaire, même s'il s'agissait de la principale promesse des conservateurs lors des élections de mai 2011. M. Flaherty invoque des recettes réduites et les incertitudes économiques.

«Si l'équilibre budgétaire n'est pas un objectif prioritaire pour un gouvernement conservateur néolibéral à Ottawa, pourquoi devrait-il l'être pour un gouvernement progressiste à Québec?», demandent MM. Dubuc et Laviolette. Selon eux, ce dogmatisme s'inspire clairement des positions «lucides» d'un Lucien Bouchard, qui avait aussi imposé le déficit zéro à la fin des années 90. Or, «sa politique du déficit zéro a eu pour conséquence l'éclatement de la coalition d'organisations syndicales et de groupes communautaires», affirment-ils.

«Le danger est grand, les mesures d'austérité peuvent nous précipiter à nouveau en récession», observe M. Laviolette. Il s'inquiète surtout de l'intention avouée du gouvernement de repousser plusieurs projets d'infrastructures. «Ce sont ces chantiers qui nous ont permis de traverser sans trop de dommages le ralentissement qui a suivi la crise financière», explique le syndicaliste.

Lors d'une récente rencontre de «consultation» sur son budger, M. Marceau a insisté sur «sa peur de la décote» - les agences d'évaluation de crédits surveillent le Québec, a-t-il souligné. «Ce ne sont pas les agences de New York qui vont décider du programme du PQ!», a protesté hier M. Laviolette.

M. Laviolette a aussi mentionné que dans ses rencontres, M. Marceau a expliqué que le Québec serait en meilleure position s'il atteignait le déficit zéro avant les autres.

«Si la gouvernance souverainiste a un sens, le gouvernement Marois devrait adopter une attitude combative et revendiquer un nouveau pacte fiscal avec Ottawa, plutôt que d'affliger la population du Québec avec des compressions dans les programmes sociaux», soutient le SPQ Libre.