Même s'il dit avoir «plaidé pour qu'on ne touche pas au ministère de la Culture», Maka Kotto ne s'attend pas, visiblement, à être épargné par les compressions budgétaires qui se préparent à Québec.

«À cause de la pression financière et des objectifs d'équilibre du budget (...), on ne peut pas envoyer des messages de hippies à gauche et à droite. Ça prend de la rigueur», a lancé le ministre québécois de la Culture, mercredi à Paris, en reconnaissant que chaque ministère «contribuera d'une manière ou d'une autre» à l'effort demandé.

Mardi soir, lors de l'ouverture de la Semaine du cinéma du Québec à Paris, la comédienne et réalisatrice Carole Laure et le producteur du film Rebelle, Pierre Even, se sont inquiétés d'éventuelles coupes dans les programmes culturels.

«On redoute des coupes. On a peur. Battons-nous tous pour garder le financement de notre cinéma», a lancé Carole Laure.

Sur le coup, le ministre Kotto n'a pas commenté ces déclarations. Mercredi, devant une poignée de députés réunis au sein de la Commission de l'Assemblée nationale sur la culture, il a reconnu que l'argent se fait rare.

«Je ne sais pas si nous aurons assez d'argent. La pression financière est forte», a-t-il répondu à une élue qui l'interrogeait sur les ambitions québécoises en matière de culture, notamment en ce qui concerne les jeunes.

En entrevue quelques instants plus tard, le ministre Kotto s'est dit «lucide» sur ce qui se prépare et a reconnu que «le président du Conseil du Trésor fera des choix qui feront peut-être mal».

«On ne pourra peut-être pas à court terme réaliser ce à quoi nous nous sommes engagés. Certains projets seront probablement différés», a-t-il ajouté.

Le ministre a blâmé pour cette situation le précédent ministre des Finances, le libéral Raymond Bachand, qu'il accuse d'avoir commandé des «coupes silencieuses» de 14 millions de dollars dans le seul budget de la Culture.

«On se rend compte de la mystification», a affirmé M. Kotto, en reprenant le couplet gouvernemental sur l'état «lamentable» des finances publiques, grevées par un trou de 1,6 milliard, deux fois supérieur aux chiffres annoncés par l'ancien gouvernement.

Le ministre Kotto a conclu sa visite de deux jours à Paris mercredi par cette audience devant la Commission de l'Assemblée nationale sur la culture. Plutôt confidentielle, la rencontre s'est déroulée dans une des nombreuses salles du parlement, en présence d'une dizaine de personnes, dont une demi-douzaine de députés.

Cette visite, qui visait à «restaurer le pont de la coopération culturelle» entre la France et le Québec, a été marquée mardi par une rencontre entre M. Kotto et son homologue française, Aurélie Filippetti.